Affichage des articles dont le libellé est littérature contemporaine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est littérature contemporaine. Afficher tous les articles

mercredi 13 août 2025

Hors les murs de Pak Wan Seo

Hors les murs de Pak Wan Seo
Autrice : Pak Wan-Seo
Maison d'édition : Atelier des cahiers
Date de sortie : Mars 2020 (format poche en hiver 2025)
ISBN : 979-10-91555-65-4
Pages : 268
Prix : 18

Résumé : Ce texte autobiographique romancé décrit avec empathie et humour l’enfance et la jeunesse de la romancière dans une Corée bouleversée par l’occupation japonaise et la guerre de Corée. Mêlant destin individuel et histoire d’un pays, il tisse les drames avec brio et finesse, offrant à la littérature un important témoignage. Les lecteurs ne s’y sont pas trompés, en Corée où il s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires, et aux États-Unis où la traduction anglaise a été acclamée par la critique.

MON AVIS : Ce roman est le premier d'une trilogie. Je vous conseille d'avoir le deuxième tome sous la main "souvenir d'une montagne" tant les deux tomes se suivent directement. On suit dans celui-ci l'histoire de l'autrice de son enfance jusqu'au début de la guerre de Corée. Elle a grandi à la campagne pour rejoindre Séoul adolescente par la volonté de sa mère qui souhaitait qu'elle devienne une femme moderne.

Au cours de la lecture, vous découvrirez la vie à la campagne d'une petite fille, le rôle de chaque membre de la famille et la hiérarchie au sein de cette dernière. On apprend énormément de choses. L'impact du confucianisme est très présent mais on voit aussi que les choses ont un peu changé. Je pense à la mère de l'autrice qui a décidé de partir à Séoul contre l'avis de tous. Cette femme était extrêmement dure à cheval entre cette volonté de modernité pour sa fille et ses mensonges. Je vous laisserai lire le livre pour comprendre.

L'autre point du roman concerne l'histoire du pays. On sent la différence entre la campagne et la ville. L'autrice laisse l'histoire au second plan. Par exemple, l'occupation japonaise ne se devine que l'apprentissage du japonais à l'école avec une enseignante japonaise. Mais Pak Wan Seo étant encore jeune, elle suit le mouvement. C'est à la fin de la seconde guerre mondiale et le début de la guerre de Corée que les choses changent et l'ambiance également.

En bref, ce roman est une immersion dans la Corée avant la seconde guerre mondiale jusqu'au début de la guerre de Corée ainsi que l'évolution de la société. 

mercredi 25 juin 2025

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea
Autrice : Maria Larrea
Maison d'édition : Grasset (publié en poche chez le livre de poche)
Date de sortie : 17 août 2022
ISBN : 978-2246831969
Pages : 224
Prix : 20

Résumé : L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera.
Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.


MON AVIS : Je n'avais pas repéré ce livre lors de la rentrée littéraire de l'année passée jusqu'à ce que j'en entende parler dans la grande librairie. Ça m'a juste donné envie de lire ce livre. Pourtant, j'ai toujours peur qu'on m'en dise trop mais c'était tellement au-delà de ce qui a été dit.

Ce livre part d'une histoire dingue: une tarologue va apprendre à Maria qu'elle a été adopté. Elle, qui ne croit pas en tout ça, va pourtant y croire. Quelque chose résonne en elle à ce moment-là et elle va chercher la vérité. L'écriture est très cinématographique. C'est cohérent avec le métier de l'autrice, scénariste. Pour vous dire, j'ai VU un livre. Chaque phrase faisait émerger des images qui s'enchaînaient. J'ai compris pourquoi lors de l'émission, ils ont autant insisté sur ce point.

On ouvre le livre sur la naissance de Victoria en Espagne. On alterne des chapitres du point de vue de maria et d'autres sur le passé de ses parents, ce qui les a amené à Paris. Victoria a vécu des choses atroces. Elle est restée très douce et bien trop docile. On devine une femme magnifique qui n'a pas eu la vie qu'elle méritait. Pourtant, elle ne semble avoir aucun regret. Concernant Julian, le père de Maria, ce n'est franchement pas mieux. C'est lui qui a le plus subi et souffert. C'est en avançant dans la lecture qu'on en comprend à peu près les raisons. Lui se montre violent.

Maria a grandi dans un environnement particulier et surtout dans un endroit assez dingue. Elle vit dans un appartement au sein d'un théâtre. Imaginez un peu les personnalités qu'elle a du croiser. J'ai aussi le souvenir de cette scène dans laquelle Maria a l'audace de s'adresser à un grand réalisateur alors qu'elle est encore au lycée. La mise en forme de cette scène est d'ailleurs très bien trouvée. On suit l'évolution aussi de Maria et son combat pour retrouver ses parents biologiques. La grande histoire rencontre la petite.  

En bref, j'ai adoré ce livre que j'ai lu quasiment en une fois tant j'étais absorbée. Si vous voulez lire un livre digne d'un film hollywoodien, allez-y. Il faudra juste se souvenir que c'est une histoire vraie.

mercredi 18 juin 2025

Bienvenue à la librairie Hyunam de Hwang Bo-Reum

Bienvenue à la librairie Hyunam de Hwang Bo-Reum
Autrice : Hwang Bo-Reum
Maison d'édition : Picquier
Date de sortie : Août 2024
ISBN : 978-2-8097-1675-7
Pages : 360
Prix : 22

Résumé : Quand certains ont imaginé le paradis comme une bibliothèque, d’autres choisiront sans hésiter une librairie. En garnissant les rayonnages de sa nouvelle librairie, Yeong-ju y met tout son cœur, comme si elle essayait, avec les livres, de renouer avec une amie perdue de vue depuis sa jeunesse. Elle répond aux demandes des lecteurs, même les plus surprenantes, elle cherche un livre pour dégeler le cœur et glisse parfois dans les volumes de petites notes de la taille d’une paume, qu’elle conclut par « ce roman m’a donné ce plaisir ».

Elle découvre aussi le plaisir d’organiser des rencontres avec des écrivains, d’animer un club de lecture, d’accueillir un atelier d’écriture, de conseiller des livres avec la joie d’éteindre souvent des chagrins avec une heure de lecture. La librairie devient rapidement le cœur battant du petit quartier de Hyunam où se nouent des amitiés, des interrogations sincères sur le sens de la vie et le pouvoir des livres.

Il y a à ses côtés le barista Min-jun, qui trie les grains de café comme les mauvaises pensées, Jimi la torréfactrice passionnée, sans compter les habitués qui ont élu domicile parmi les livres, comme Jeong-seo qui tricote des éponges en forme de pain de mie entre les bibliothèques.

Une belle déclaration d’amour à la librairie.


MON AVIS : Ma pauvre libraire n'a pas eu le temps de le mettre en rayon. Je l'ai réservé dès que j'ai su qu'elle l'avait reçu. Je savais que j'aimerai ce livre mais pas à ce point-là. En même temps, rien qu'en voyant le titre du livre, on sait déjà ce qu'on va lire mais c'est tellement plus que ça. Lorsqu'un passage me plaît particulièrement, je mets des post-it. Pour celui-ci, j'en aurai mis partout.

On suit Yeong-ju, une jeune femme qui tient une librairie. Les débuts ont été compliqué. Elle a embauché un barista Min-jun qui a trente ans. On imagine une librairie chaleureuse dans laquelle les clients deviennent vite des habitués, un endroit qui permet d'appuyer sur pause. Et ça fait du bien. On suit essentiellement la libraire mais certains chapitres sont écrits du point de vue d'autres personnages. Celui de Min-jun m'a beaucoup parlé.

Ce roman est un hymne aux librairies. L'autrice y aborde beaucoup de choses sur la vie en librairie mais également les difficultés qu'elles rencontrent. Celle dont il est question ici se trouve dans un quartier calme et éloigné du centre ville. J'ai le souvenir d'un extrait parlant des influenceurs littéraires que je trouve intéressant. Forcément, l'autrice distille des références littéraires dont deux totalement fictives. Elles sont recensées à la fin du livre.

D'autres personnages apparaissent au fil des pages. La toréfactrice Jimi nous apprend énormément sur le café. Jeong-Seo, une jeune femme atypique, tricote des éponges. On apprend à les connaître au fil des pages. Il y a également un adolescent que j'ai apprécié. Il est exemple typique de la personne perdue qui va découvrir un monde grâce à la librairie.

En bref, je pourrai probablement en écrire plus tant il y a de sujets abordés. Je retiendrai un livre magnifique qui permet aux lecteurs de prendre une pause au sens propre du terme. Je ne peux que le recommander aux amoureux des livres et encore plus à ceux qui soutiennent les libraires indépendantes.


vendredi 23 mai 2025

La vie fragile de Louise Pommeret

La vie fragile de Louise Pommeret
Autrice : Louise Pommeret
Illustratrice : Virginie Billaudeau
Maison d'édition : Chemin de fer
Date de sortie : Mars 2025
ISBN : 978-2-490356-52-2
Pages : 136
Prix : 16

Résumé : "J’ai poussé près de la maison, trop près peut-être ; était-ce par instinct de survie, mais mes branches du côté de l’habitation se sont moins déployées que les autres. Je ne voulais pas leur rappeler que j’étais près, trop près. Nous avons vécu à bonne distance, ainsi nous nous sommes épargnés. Comment ont-ils construit la maison, dis-tu ? Mais comme toutes les maisons. Il y a eu des hommes, des hommes avec des pierres pour élever des murs."

La vie fragile c’est l’histoire d’une maison à la veille de sa destruction racontée par les êtres qui la peuplent depuis l’origine, animaux, végétaux et minéraux. Eux seuls connaissent les rires et les peines de ceux qui ont construit, qui ont vécu dans ce lieu aujourd’hui condamné.
Une femme passe une dernière nuit dans cette maison qui sera rasée le lendemain par un chantier autoroutier.
Les voix humaines se sont tues depuis longtemps. L’heure est venue d’en entendre d’autres. Celles qui ont fait le lieu, qui ont vu la ferme sortir de terre, la vie s’y déployer sur un siècle.
Au départ, en 1910, il y a eu les Marsand, trois générations de fermiers. Puis l’homme qui s’est installé quand la lignée des paysans s’est éteinte. Enfin elle, l’échouée, venue ici trouver refuge il y a quelques années.
Louise Pommeret donne la parole au hêtre, à la chouette, à la ronce, aux témoins des temps révolus, toutes ces présences muettes et fragiles qui, par la magie de l’écriture, deviennent les véritables témoins des fugaces existences humaines, faites de guerre, de travail, d’amour ou de jalousie. Ensemble ces voix forment une assemblée, un peuple, une communauté sensible. Elles sont les vies fragiles, émouvantes et poignantes car jamais entendues.
La vie fragile est un roman subtilement engagé, à la fois lutte écologique et écobiographie, un roman qui veut explorer les liens qui nous rattachent au monde et raconter les lieux, les êtres, en qui nous déposons nos affects terrestres.
Virginie Billaudeau a choisi d’aller promener son regard sensible sur les lieux de l’écriture du texte. Les paysages, la flore de Haute-Loire animent le livre de leur présence tour à tour délicate et puissante.

MON AVIS : J'adore cette maison d'édition et il s'agit du dernier coup de cœur de ma libraire adorée. Les livres de cette maison d'édition sont tous illustrés. C'est la rencontre d'un auteur avec un illustrateur. Dès les premiers mots, on est embarqué. Chaque chapitre est écrit du point de vue des témoins de l'histoire d'une maison qu'ils soient végétaux ou animaliers. Ils s'adressent tous à la dernière habitante d'une maison. On découvre que cette maison et tout ce qui l'entoure vont être détruit le lendemain.

La plume de l'autrice est sublime. Elle est directe mais aussi poétique. On découvre les différents habitants de cette maison mais aussi la grande histoire et son influence. Cela permet d'aborder d'autres thèmes en plus de l'écologie. Au fil des pages, par le regard de végétaux ou d'animaux, on découvre une critique de la société des plus justes. J'ai apprécié que ce ne soit pas moralisateur. Ça n'empêche qu'on passe par toutes les émotions.
 
Les illustrations sont sublimes en noir et blancs essentiellement. Elles s'accordent parfaitement avec le texte aussi bien dans son contenu que dans son émotion. Le fait que ce soit épuré permet de lier les chapitres en plus du texte, comme pour prendre le temps de tourner le visage vers le prochain témoin.

En bref, ce texte m'a bouleversé. L'autrice a réussi à mettre au centre de l'histoire l'importance de ce qui nous entoure. Elle nous rappelle que l'humain n'est pas éternel et que sans la nature, nous ne serions rien.

 

mercredi 21 mai 2025

Le chant des pentes de Simon Parcot

Le chant des pentes de Simon Parcot
Auteur : Simon Parcot
Maison d'édition : Le mot et le reste
Date de sortie : 30 Août 2024
ISBN : 9782384314348
Pages : 176
Prix : 18

Résumé : Dans un paisible village montagnard, la jeune Gayané souffre de mutisme comme la plupart des enfants. À la suite d’un rêve, elle décide de prendre la route en direction de l’Alpage du Grand Lac que les villageois croient hanté par les siffleurs, êtres mi-humains mi-vautours. Guidée par Maniolos, le doyen des bergers, aidée par Hélias, son ami interprète, et la Mule, contrebandière, elle entreprend une ascension initiatique à travers la Forêt et l’Alpage vers la Montagne Lumineuse. C’est au milieu de ruines alors que « la nuit est désormais vide de lune » que Maniolos va lui révéler un secret. Seule dans la montagne, Gayané va alors devoir faire face à son histoire. À la manière des grands conteurs, Simon Parcot transporte le lecteur dans un univers de mythes et de chants où le silence d’une enfant cache l’innommable

MON AVIS : J'avais adoré le précédent roman de l'auteur "Le bord du monde est verticale". Je n'ai donc pas hésité une seconde à acheter celui-ci. On reste dans la montagne sans une seule trace de nouvelles technologies. Ça fait un bien fou. On rencontre quatre personnages. On pourrait dire même cinq mais je ne m'attarderai pas sur ce dernier. Gayané est le cœur de cette histoire. Elle souffre de mutisme comme tous les enfants de son village. On sent une femme de caractère. Avec elle, vous découvrirez Hélias "au cœur bien trop haut pour ce village" (j'adore cette phrase), son meilleur ami interprète. Suite à un rêve de Gayané, ils décident de partir en direction de l'Alpage du Grand Lac.
 
Lorsqu'ils expliquent leur quête, les villageois leur déconseillent de partir leur parlant d'une malédiction. Personne n'est revenu de là-bas. Deux habitants du village vont les accompagner : Maniolos, doyen des bergers et surtout conteur joyeux, et la Mule, contrebandière très observatrice, avec son âne. C'est au cours de ce périple que Maniolos va leur apprendre ce qui se cache derrière cette malédiction. 

La plume de l'auteur est toujours aussi belle. Il nous conte cette histoire avec simplicité tout en nous apprenant des choses. Ici, il met en avant les siffleurs, ces personnes qui communiquaient en montagne juste en sifflant. J'ai trouvé l'idée d'illustrer les sifflements géniale. Ça donne une autre dimension au roman et nous permet de mieux imaginer les choses et surtout nous amène et à ralentir. On est aussi dans du réalisme magique mais je n'en parlerai pas volontairement. C'est hyper bien fait. Tout nous paraît réel.

L'auteur aborde, comme dans son précédent roman, la nature et la vie dans les villages montagnards. Ici, il s'intéresse au traumatisme transgénérationel mais aussi à l'impact que des préjugés peuvent avoir. Malgré les choses difficiles écrites, l'auteur arrive à garder ce calme dans l'écriture. On a vraiment le sentiment d'être assis au coin du feu comme dans une partie de son roman. Il aborde aussi d'autres sujets comme le harcèlement et la différence de génération.

En bref, je pourrai vous parler en long, en large et en travers. Il est fascinant et fait du bien. L'auteur y dénonce certaines choses en utilisant avec justesse le réalisme magique et des mythes. Si vous avez l'occasion de l'écouter que ce soit en lecture à voix haute ou en table ronde, foncez. J'ai appris pas mal de choses.

mercredi 11 décembre 2024

Noa, intersexe de Samuel Champagne

Noa, intersexe de Samuel Champagne
Auteur : Samuel Champagne
Maison d'édition : De Mortagne
Date de sortie : 28 Juillet 2021
ISBN : 9782897922696
Pages : 312
Prix : 16,95$

Résumé : Quand je suis né, tout le monde était perdu. On m’a regardé et on a demandé : « Qu’est-ce que c’est? » La réponse : je suis intersexe.
Les médecins souhaitaient m’opérer, mais ma mère s’est battue pour qu’on attende. Maintenant que j’ai seize ans, ils reviennent à la charge. Comme mon père, ils veulent corriger ce qui est différent, enlever ce qui est de trop. Ils aiment les choses qui sont roses ou bleues. Et moi, je suis vraiment très mauve. Je ne sais pas quelle décision prendre.
Un alien, c’est comme ça que je me sens. Alors je m’isole, de peur que quelqu’un découvre ce que je suis. Mes seuls amis sont les personnes âgées que je visite bénévolement. Il y a aussi Maël. Il m’attire, mais j’ai l’impression que nous sommes à des années-lumière de distance.
Ce n’est pas facile de penser à changer son corps. Est-ce ça qu’il me faut pour m’accepter?

MON AVIS : Merci à Babelio et à la maison d'édition pour ce service presse.
 
J'avais peur, au regard du titre, que ce soit quelque chose comme un essai mais c'est un sujet que je n'ai jamais croisé en littérature. Et bien, je me félicite d'avoir suivi mon instinct. Je commencerai par vous rassurer. L'histoire est fictionnelle mais l'auteur a fait des recherche. À la fin du livre, vous trouverez des liens pour en apprendre plus et des associations. Ça se ressent dans l'écriture. Rien de compliqué. Bien au contraire, c'est très simple et accessible. La seule chose importante à dire est que l'auteur est québécois. Ce n'est pas gênant mais ça peut surprendre au début dans la construction des phrases ou le choix des mots.
 
On suit Noa, 16 ans, intersexe comme le titre l'indique. Toutes les personnes informées le poussent à faire un choix pour l'opération (très orienté évidemment) sauf qu'il est perdu. Il ne sait absolument pas quoi faire. Il n'y a que sa mère qui ne donne pas son avis et souhaite lui laisser le choix. Elle ne lui met pas la pression. J'adore sa mère. Elle est incroyable. Son père est maladroit et on a envie de le secouer. En fait, les pensées de Noa sur ses parents sont très justes. 
 
Noa est, de fait, très solitaire. Il m'a beaucoup touché. Il n'a pas d'amis mais fait beaucoup de choses sur son temps "libre" notamment moniteur dans un centre aéré ou quelque chose du genre. Pour faire simple, il s'occupe d'enfants le week end et pendant les vacances. Parmi ses enfants, il y a ludo qui est un rayon de soleil. C'est par son biais qu'il va rencontrer Maël qui a le même âge. Ce jeune homme est apaisant. Je ne dirai trop rien le concernant. Juste qu'il est bienveillant. L'auteur, par le biais de ce personnage, aborde un sujet dont on parle peu également. Je me suis dit que si tout le monde pensait comme Maël, tout serait plus simple.

En bref, j'ai été touché par cette lecture hyper réaliste. Je ne peux que vous la recommander. On apprend beaucoup de choses à tous les niveaux et l'histoire est belle. L'auteur aborde d'autres sujets mais je vous laisse découvrir tout ça.


vendredi 1 novembre 2024

S'aimer dans la grande ville de Sang Young Park

Auteur : Sang Young Park
Maison d'édition : La croisée
Date de sortie : 21 Août 2024
ISBN : 9782413086130
Pages : 240
Prix : 21,10

Résumé : Young, étudiant et jeune écrivain, vit à Séoul avec sa meilleure amie. Tous deux font la fête, boivent, sortent avec des garçons. Ils sont de cette génération de Coréens confrontée à une société corsetée : Young doit taire son homosexualité au monde, et surtout à sa mère affaiblie. Derrière son humour ravageur, se cache un homme éprouvé par la solitude et le doute. « L’amour est-il vraiment beau ? » s’interroge-t-il. Jusqu’au jour où Gyuho entre dans sa vie.
S’aimer dans la grande ville nous entraîne dans le parcours haut en couleurs et émouvant d’un homme face à l’amour sous toutes ses formes, qu’il soit amical, filial, en couple ou simplement – et surtout – de soi-même. A la croisée de Sally Rooney et Herve Guibert, mêlant brio romanesque et subtilité sentimentale, ce roman phénomène en Corée puis dans le monde entier a été en sélection du Man Booker Prize et sera adapté en série et en film.

MON AVIS : Ce roman fait parti de ceux que j'ai repéré avant sa sortie. Je l'ai réservé chez ma libraire dès qu'elle l'a reçu. Une série adaptée va être diffusée prochainement. J'ai un reproche à faire à l'objet livre. En quatrième de couverture, en dehors du résumé, on n'arrive pas à lire la citation et les avis. La couleur est mal choisie. On suit Young sur plusieurs années. Dès les premières pages, on est dans le vif du sujet. J'ai eu un peu peur puisqu'il aborde des thèmes de manière cru à l'opposée de ce que je suis. Je n'aime pas ce genre de chose habituellement mais j'ai continué. Et j'ai bien fait.

Je pense que ce début est une manière de prévenir le lecteur de ce qu'il va lire. Young est un jeune homme blasé par la vie alors qu'il n'est qu'étudiant au début du roman. On sent un cynisme très fort. Il essaie de paraître en société mais n'en pense pas moins. Il observe beaucoup. Il est comme extérieur. On rencontre également sa meilleure amie Jaehee que j'adore. Une femme au caractère bien trempée. J'ai adoré leur relation pourtant loin d'être parfaite. Je suis sûre que certains seront choqués par certains passages. L'auteur a fait le choix de ne rien censurer. Ce n'est pas vulgaire pour autant. Juste qu'habituellement, les auteurs ont tendance à enjoliver les choses. Pas lui. Et c'est tant mieux.

Le roman est découpé en quatre parties. Chacune met en avant une rencontre. Le personnage principal est homosexuel. On le sait dès le début. L'auteur en profite pour dénoncer l'homophobie par des scènes juste choquantes. Et je pèse mes mots. En soit, pas de violences physiques mais les discussions... C'est des discours qu'on n'entend même plus en France. Quoique... Ne serait-ce que la mère de Young...J'aurai une mère comme ça, je l'aurai abandonné. Mais il est d'une gentillesse incroyable. Ce qui nous amène à un autre sujet : les relations mère-fils. Je vous laisserai découvrir cette femme.

D'autres sujets sont abordés. Je pense au milieu du travail, au relation sociale mais aussi à la maladie, au féminisme, l'avortement, les relations toxiques et leur contraire. Bref, il y a de tout. L'auteur nous donne un regard acéré sur la société coréenne qu'on ne peut nier mais aussi son évolution. Je pense à un personnage qui à 10 ans de plus que lui environ (je ne me souviens plus de l'écart exact). J'en ai appris un peu plus sur le service militaire. Pas beaucoup mais quand même. 

Les remerciements de l'auteur sont importants puisqu'il explique ce qui l'a inspiré et la période à laquelle il a écrit le roman. On apprend en même temps quelques évolutions de la société que ce soit au niveau des lois que médicales. Cet homme est touchant par contre je suis un peu coincée. Entre autre, il explique s'être inspiré de lui et de ses proches et en même temps ce n'est pas lui. Je ne sais donc pas dans quelle catégorie classée ce livre. Au final, je l'ai mis en littérature contemporaine. C'est plus sûr.

En bref, ce livre est un regard précis sur la Corée du Sud et sa perception de l'homosexualité (pour vous dire que l'un des acteurs de la série se prend une vague de haine parce qu'il a joué un personnage homosexuel.) mais pas seulement. On ne peut pas rester insensible face à cette lecture. Vous serez parfois en colère, choqué ou amusé mais toutes ces émotions sont nécessaires. L'auteur nous pousse à faire preuve d'empathie même si ce n'est pas ce qu'il a cherché à faire. Je ne peux que vous recommander cette lecture.

mercredi 23 octobre 2024

Une histoire ordinaire de Chart Korbjitti

Auteur : Chart Korbjitti
Maison d'édition : Gope
Date de sortie : 12 Février 2024
ISBN : 978-2-494118-16-4
Pages : 100
Prix : 12

Résumé : Un immeuble quelconque, à la périphérie d’une « ville enchantée », en Thaïlande. Des locataires qui ne font que se croiser alors qu’une jeune femme se meurt dans l’appartement d’à côté. Un narrateur dont les propos soulignent son ambivalence.

« La vraie raison, c’est que Mamie est une personne serviable, un trait sans doute hérité du passé et qu’on ne rencontre plus guère de nos jours. »

« Les gémissements de ma voisine devenaient de plus en plus forts, mais ma (fausse) bonne conscience dormait en paix. Elle s’éveillait parfois en pleine nuit mais je l’endormais par des considérations sur mes revenus, je la trompais en pensant au jour où j’aurais une augmentation ou une promotion, et elle me croyait, elle se rendormait. »

« Car enfin, le “guérisseur” qui se mue en mouche à tête verte ou Mamie qui croit que sa fille s’est réincarnée en chatte blanche – c’est à mourir de rire, non ? »

MON AVIS : Merci à babelio et à la maison d'édition pour ce service presse. Honnêtement, je l'ai sélectionné parce que l'auteur est thaïlandais. Il est rare de trouver des livres originaire de ce pays. Je ne savais pas trop quoi en attendre mais je me suis dit que si je le gagnais, ce serait l'occasion probablement d'en apprendre plus sur le pays.

L'auteur nous propose une nouvelle dans laquelle le personnage principal cohabite dans une maison avec d'autres personnes notamment une mère et sa fille. Il appelle la première mamie du fait de son âge avancé. Le narrateur raconte une histoire que la mamie se serait appropriée et aurait adapté à elle. Au fil des pages, on apprend à connaître les deux personnages.

Au début, on ne sait quoi penser du narrateur mais plus le temps passait, plus je le trouvais en manque profond d'empathie. Quand à Mamie, elle me faisait de la peine. On sait très vite que sa fille est en train de mourir. On ne peut qu'être en empathie. Cette nouvelle, en apparence anodine, dénonce les travers de nos sociétés. C'est valable partout dans le monde. D'ailleurs l'auteur le prouve en ne donnant aucun prénom ni aucune ville. 

En 100 pages, on voit passer des charlatans qui profitent de la faiblesse de personnes vulnérables, des personnes qui semblent empathiques mais qui pensent de manière totalement égoïstes. On nous montre l'individualisme de l'être humain qui ne se préoccupe pas de son voisin. Mais on nous éclaire aussi sur ce qui nous pousse à faire des bonnes actions. Est-ce que c'est purement désintéressé ou est-ce pour avoir bonne conscience? 

En bref, sur le moment, à la fin de ma lecture, j'étais dégoûtée par le narrateur. En prenant du recul, j'ai compris la démarche de l'auteur qui est de nous ouvrir les yeux sur l'individualisme et l'égoïsme de chacun. Sachant que cette nouvelle date de 1983, je trouve ça dingue que ce soit toujours, si ce n'est plus, d'actualité aujourd'hui.

vendredi 18 octobre 2024

Ici et seulement ici de Christelle Dabos

Ici et seulement ici de Christelle Dabos
Autrice : Christelle Dabos
Maison d'édition : Gallimard
Date de sortie : 13 Avril 2023
ISBN : 9782075187893
Pages : 256
Prix : 15,50

Résumé : Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l'intérieur des murs, au fond de l'invisible, je perçois quelque chose que j'arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi.
Ici ne ressemble à nulle part.
Ici n'obéit qu'à ses propres règles.
Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs.
Et quoi qu'il arrive, tout le monde passe par Ici. 

MON AVIS : Christelle Dabos est une autrice que j'aime beaucoup. Sa série "la passe-miroir" a été une découverte incroyable et fait partie de mes sagas préférées. Lorsque ce roman est sorti, j'ai tout de même un peu hésité. J'avais peur d'en attendre trop et j'appréhendais surtout la thématique : le harcèlement.

L'histoire se déroule dans un collège. Au début, on rencontre deux nouveaux venus. L'une s'efforce de ne pas pleurer tandis que le second pleure à chaude l'arme. On comprend qu'au collège, l'apparence prime sur les émotions. On découvre une règle : dans chaque classe, un pair est associé à un impair. Je vous laisse imaginer ce qui arrive à celui qui n'a pas de binôme.

Ce roman est un monde à part. Les années collèges sont représentées comme un moment à part dans la vie d'une personne qu'on oublie ou fait semblant d'oublier. Tout dépend de chacun. Afin de souffler un peu, l'autrice intègre une touche de fantastique que je vous laisse découvrir. L'autrice fait mouche tout au long du livre même en utilisant des éléments fantasques par moment. On a tous connu quelqu'un au collège qui se met volontairement en marge de la norme.

Honnêtement, je ne sais pas trop comment vous parler de ce livre. Les souvenirs remontent en parallèle de ma lecture. On revoit et revit certains moments. Pour ceux qui ont été victime de harcèlement, ça peut s'avérer compliqué. En ayant été victime, ça m'a forcément bousculé. En même temps, ça permet de revivre ça avec plus de distance et relativiser. Ça reste choquant de se dire que tant de gens en sont victimes et que rien ne change. C'est même pire aujourd'hui quand on voit l'actualité. À mon époque (ça fait tellement vieux😅), on n'avait pas encore les réseaux sociaux. On pouvait donc réellement souffler. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.

En bref, ce roman est percutant tant il fait mouche. Tout est très juste dans la vision de la vie dans les collèges loin du regard des équipes pédagogiques et professeurs. L'autrice lève le voile sur ce qu'il se passe réellement. Ce n'est pas un livre qu'on aime ou non. C'est un roman qu'on accepte ou pas.

mercredi 25 septembre 2024

Les épines de Cédrik Armen

Les épines de Cédrik Armen
Auteur : Cédrik Armen
Maison d'édition : Autoédition
Date de sortie : 15 Mai 2024
ISBN : 979-1041545520
Pages : 236
Prix : 16,50

Résumé : « Mes félicitations, vous avez trouvé ce roman. Un roman de gare, d’aéroport, de bateau ou de chameau, peu m’importe, ça ne me concerne plus. Il me reste si peu de temps, un danger plane au-dessus de moi. Ici, je suis en sécurité, personne ne sait où je me cache. C’est le lieu idéal pour tout vous raconter. Profitons-en. Je n’ai plus peur de rien. »

Un adulte au cœur d’enfant rêve trop grand dans un monde petit. Il se construit entre un père violent et une mère absente. À qui la faute ? À la fée penchée sur son berceau dès sa naissance ? Il n’y a pas eu de berceau, juste une baignoire, et peu de place pour la douceur. À moins que des papillons viennent le sauver.

MON AVIS : Je suis Cédrik Armen depuis des années. Quand il a annoncé la sortie de son premier roman, je n'ai pas hésité une seconde. Ayant lu les poèmes qu'il a publié sur facebook, j'étais confiante. C'est à peine si j'ai regardé le résumé. Je savais que la qualité serait là. Le risque était d'en attendre peut-être trop. Est-ce que je m'attendais à un tel niveau? Non. Je me suis pris une claque littéraire. Et c'est rare. On sent qu'il a travaillé son roman et pas qu'un peu.

On suit Boniface, un enfant né dans une famille dysfonctionnelle jusqu'à l'âge adulte. Entre un père violent et une mère partie, il rêve de devenir écrivain. À travers ce roman, vous trouverez du cynisme (je pense au début avec la fée par exemple) comme des moments de poésie délicieux (souvent autour de la littérature). Il utilise beaucoup de métaphore qui rend le style d'écriture particulier. Le lecteur ne peut pas rester indifférent. On trouve aussi, disséminé, des références littéraires.

Cédrik aborde beaucoup de thèmes. Il commence par la violence intrafamiliale qu'elle soit physique ou verbale. Parce que, oui, les mots font mal et peuvent plus de mal que les coups. Sa passion pour la littérature est puissante. Ces passages sur l'apprentissage de la langue, le syndrome de la page planche sont juste sublimes. Ils prennent aux tripes. L'amour a aussi toute sa place par le personnage de Mélusine. Jolie prénom très bien choisi. Elle est aussi son point d'encrage avec la réalité. 
 
Jusqu'au jour où... Je n'en dirai pas plus. Est-ce que j'ai vu venir la fin? Pas du tout. C'est typiquement ce genre de livre qui va vous rendre fou. La fin est si surprenante que ça remet en question tout ce que vous avez lu. Je vous mets au défi de la deviner. Ce roman confirme une impression que j'ai depuis pas mal de temps. Les éditeurs sont frileux et n'osent pas sortir des sentiers battus. C'est fort dommage. Je fais partie de ces lectrices qui cherchent l'originalité. Ici, j'ai été plus que servi. J'ai même cru que j'allais verser une larme sur un passage.

En bref, ce roman sort des sentiers battus. La plume est travaillée et sublime. Je me suis pris une claque littéraire comme rarement. Je ne peux que vous recommander ce roman surtout si vous cherchez de l'originalité.

vendredi 20 septembre 2024

La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot

La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot
Auteur : Panayotis Pascat
Maison d'édition : Stock
Date de sortie : 23 Août 2023
ISBN : 9782234092525
Pages : 240
Prix : 19,50 (existe en poche)

Résumé : « Ce livre me fait peur. Le processus a été douloureux. Mon père nous  a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire.  Trois années au peigne  fin, mes relations, mes pensées paranoïaques,  mon rapport étrange à lui, crachés  sur le papier. Je me suis donné  pour but de le tuer avant qu’il ne meure.  C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père,  finalement ça revient au même. »

MON AVIS : Je ne sais pas comment vous parler de ce roman. Tout ce qui me vient à l'esprit, c'est que je l'ai lu en une fois et que j'ai fini "sur les genoux". C'est l'expression que j'utilise à chaque fois que j'y pense. Je suis restée assise dans mon canapé figée sur place après avoir posé mon livre. Ça vous donne une idée. Pour couronner le tout, j'ai frôlé la panne de lecture dans les jours qui ont suivi.

C'est le genre de livre que vous ne jugerez pas sur la forme. Seul le fond comptera et l'émotion qui en ressort. J'avoue pour une fois avoir regardé quelques avis sur Babelio pour essayer de mettre de l'ordre et de prendre surtout conscience de ce que j'ai lu. Ce qui en ressort, c'est que tout le monde en est ressorti bouleversé ou autre. Peu importe le mot. Personne n'en sort indifférent. Alors comment en parler?

Ce livre est le journal intime de l'auteur qu'il a écrit après que son père lui ai annoncé sa mort prochaine. Il retrace son parcours sans aucune censure. Il aborde principalement trois thèmes : le rapport au père, la dépression et l'acceptation de son homosexualité. L'auteur est sans concession et fait preuve d'une vérité sans violence envers lui-même. Il montre qu'il est un être humain avec ses qualités et ses défauts, même s'il se penche plus sur ses derniers. 

Honnêtement, il écrit des choses que je n'aurai jamais accepté de lire. Pourtant, même si l'écriture est très explicite, ça ne m'a pas dérangé puisque les descriptions sont importantes pour comprendre la lutte intérieure. Il y a quelque chose qu'on ne trouve pas habituellement dans les livres. J'ai utilisé le mot "vérité" mais c'est plus que ça. Au fil des pages, on suit sa descente aux enfers. On la voit venir mais lui non. Et c'est parfaitement retranscrit. Je pense notamment à la crise d'angoisse. Ça a tellement résonné en moi.

Concernant la plume, elle n'est pas parfaite mais le but est de faire un travail sur soi, de comprendre ce qu'on a refusé de voir ou de prendre conscience. Certains pourraient reprocher le manque de chronologie. Personnellement, ça ne m'a pas gêné. Si l'éditeur avait retravaillé la chronologie ou touché trop au style, on aurait perdu l'essence même de ce texte. L'impact n'aurait pas été le même. Pour moi, le texte est parfait tel qu'il est.

En bref, je ne sais pas si j'ai réussi à vous donner envie de le lire ni si j'ai bien retranscrit l'émotion qu'il a suscité pour moi. Je me contenterai de vous recommander de le lire que vous connaissiez ou non l'auteur.

mercredi 31 juillet 2024

La femme brouillon de Amandine Dhée

Autrice : Amandine Dhée
Maison d'édition : Folio
Date de sortie : 8 Novembre 2018
ISBN : 9782072743443
Pages : 144
Prix : 6,90

Résumé : «Le meilleur moyen d’éradiquer la mère parfaite, c’est de glandouiller. Si faire vœu d’inutilité est déjà courageux dans notre société, pour une mère, c’est la subversion absolue. Le jour où je refuse d’accompagner père et bébé à un déjeuner dominical pour traîner en pyjama toute la journée, je sens que je tiens quelque chose.»

D’une écriture débordante d’ironie, Amandine Dhée évoque la maternité et cherche une alternative au rôle que la société voudrait lui assigner. Un livre désopilant qui écorne le fantasme idéalisant les femmes enceintes et mères parfaites.

MON AVIS : J'ai entendu parler de ce livre depuis sa sortie grand format mais le prix me refroidissait surtout au regard de la thématique. Je ne me sentais pas concernée de par ma volonté de ne pas avoir d'enfants. J'ai eu tort. J'ai jubilé en lisant ce roman autobiographique puisque l'autrice ne voulait pas d'enfant. Pourtant, elle tombe enceinte. S'ensuit des situations la faisant réfléchir au comportement des gens face à une femme enceinte.

Est-ce que j'imaginais lire un livre aussi féministe? Non. Je pensais me retrouver face à un livre sur la grossesse. Pas du doute. Certes, on en parle mais sous le prisme du féminisme. Certaines choses m'ont ouvert les yeux. je n'avais pas vu les choses sous cette angle. Autant la réaction de la famille face à la nouvelle ne m'a pas étonné du tout, autant le sentiment de l'autrice face aux réactions du parfait inconnu, je n'y ai jamais pensé.

Ce qui ressort de ce livre est qu'au final, la femme a le devoir toujours de donner la vie. Pendant la grosses, elle est traitée en reine mais les gens se montrent sans gêne avec elle. (J'ai tant d'images de ce genre en tête...je me suis choquée en pendant au mouvement me too mais que personne n'ai parlé de ces comportements) À côté, on s'aperçoit qu'une fois l'enfant naît, la mère n'existe plus sauf pour la critiquer sur tout. D'ailleurs, j'ai adoré la réflexion sur la mère parfaite mais avec un humour incroyable.

Pour ceux qui serait réfractaire au féminisme, je vous rassure. On est dans un féminisme juste. Elle ne va pas loin. Elle est réaliste et utilise des évènements concrets et vécus pour démontrer le problème de la société vis-à-vis des femmes. Le pire, c'est même la fin qui renvoie à des propos historiques juste choquants.

En bref, ce livre est juste le vécu d'une femme réaliste. Elle découvre un nouveau rôle par le biais de sa grossesse. Elle pose des tas de questions sur les conséquences tout en montrant le sexisme inconscient de la société à l'égard des femmes.

mercredi 17 juillet 2024

De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr

De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr
Auteur : Mohamed Mbougar Sarr
Maison d'édition : Le livre de poche
Date de sortie : 13 Janvier 2021
ISBN : 9782253240914
Pages : 192
Prix : 7,70

Résumé : Tout part d’une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment un cadavre est déterré, puis traîné hors d’un cimetière par une foule. Dès qu’il la visionne, Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l’enseignement et fatigué de l’hypocrisie morale de sa société, devient préoccupé, voire obsédé par cet événement. De qui s’agissait-il ? Pourquoi avoir exhumé le corps ? À ces questions, une seule réponse : c’était un góor-jigéen, un « homme-femme ». Autrement dit, un homosexuel. Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent…
Un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d’être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu’en soit le prix ?


MON AVIS : J'avais adoré "la plus secrète mémoire des hommes" du même auteur. Encore aujourd'hui, ce roman m'accompagne. Il est dans un coin de ma tête. Je sais que je le relirai. Je me suis forcément procurée ses autres romans et j'ai commencé par celui-là. L'auteur prend le risque d'aborder un thème complexe dans la culture africaine : l'homosexualité.

On suit un professeur de lettre qui va être amené à se poser des questions suite à la diffusion d'une vidéo montrant un cadavre déterré parce que cet homme est soupçonné d'être homosexuel. C'est par ce biais qu'on apprend que la religion musulmane interdit l'enterrement des personnes LGBT dans les cimetières. Cette vidéo très violente aura un impact puissant sur le personnage principal même s'il essaie de jouer les durs au début du livre.

Par le regard de Ndéné, on découvre la société nigérienne et la vision de la population sur l'origine de l'homosexualité. Les propos sont extrêmement durs puisqu'on en a déjà entendu certains. L'homophobie assumée de ce pays est expliqué notamment par la religion mais personne n'est vraiment capable d'en expliquer l'origine. 

Une autre question se pose sur l'enseignement au Nigéria et l'influence du pouvoir en place. J'ai trouvé Ndéné très courageux même si ses choix sont suicidaires. Pourtant, jusqu'au bout on ne sait pas ce qu'il va advenir de lui. Les réactions de sa famille sont douloureuses. Que faire? Soutenir sa famille ou son pays? C'est un choix cruel.

Face à ce livre, j'ai été choqué et révolté face à cette société si violente à l'égard d'une catégorie de population mais aussi son hypocrisie. Il est si facile de mettre tout sur le dos des autres. Je pense à une autre thématique que l'on voit si peu abordé en littérature. Ça m'a fait plaisir de la voir et vous laisse la découvrir en lisant ce livre. Ce serait gâché l'effet de surprise.

En bref, j'ai lu roman coup de point qui n'hésite pas à dénoncer l'homophobie d'un pays et sa violence de la manière la plus cru tout en restant élégant malgré tout. Une fois de plus, cet auteur a fait mouche.

mercredi 15 mai 2024

C'était pour du beurre de Orianne Papin

C'était pour du beurre de Orianne Papin
Poétesse : Orianne Papin
Maison d'édition : Bruno Doucey
Date de sortie : 5 Avril 2024
ISBN : 978-2-36229-468-6
Pages : 112
Prix : 15

Résumé : Elle dit qu’ils se racontent des histoires et qu’avec eux la vie est une réinvention permanente. Que le jeu « n’existait pas » parce que l’on jouait « pour de vrai », emplis de la magie de l’instant, l’imagination galopant comme des chevaux dans le vent. Elle dit qu’à « changer si souvent de pointure et de dents », les enfants savent « ce que c’est d’être éphémères ». Qu’elle n’a jamais autant changé d’âge, de métier, de prénom, de sexe, de langue que « pendant [ses] dix premières années ». Dans ce livre, Orianne Papin chante les mille et une vies de l’enfance, ce temps où tous les possibles se font jour. Un âge d’or ? Non, la vie même. Celle qui s’apparente le plus à l’écriture, à la fiction, ce puzzle par lequel l’adulte rassemble, invente et sauve la meilleure part de lui-même. Un livre-talisman.

MON AVIS : J'adore les éditions Bruno Doucey et ma libraire a tellement aimé ce recueil que je l'ai acheté. Je crois que c'est la première que j'ai ri et souri en lisant de la poésie. Orianne Papin consacre son recueil à l'enfance. La plupart des poèmes sont tellement justes. On a tous vécu ces instants décrits. C'est l'occasion de retomber en enfance.

Elle aborde tellement de thèmes différents. L'enfance, c'est l'âge de tous les possibles. On ne connaît pas les limites. On n'est jamais aussi fort qu'en étant enfant mais aussi innocent. Paradoxalement, on explore beaucoup de sujets sans aucunes barrières que l'on nous met une fois adulte. On trouve aussi des références à des jeux ou des personnages de fiction. On ne peut que sourire tant ces références sont connus.

En bref, j'ai adoré ce recueil hymne à l'enfance, période de vie qu'on a tendance à oublier une fois adulte. Vous ne pourrez que sourire voir rire face à ces poèmes.


mercredi 3 avril 2024

Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai

Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai
Auteur : Hisashi Kashiwai
Maison d'édition : Nami (disponible également chez j'ai lu en poche
Date de sortie : 19 Avril 2023
ISBN : 9782493816160
Pages : 256
Prix : 19

Résumé :
Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa d’où s’élèvent d’exquises odeurs de riz cuit, de nabe et de légumes sautés. En plus de savoureux repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : reproduire un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Nabeyaki udon, sushis au maquereau, tonkatsu ou spaghettis à la napolitaine... pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les délicieux mets qui ont marqué leur vie. Et grâce à un soupçon de magie, ces saveurs perdues enfin retrouvées permettent de rêver à de nouveaux départs.

Portées par une atmosphère qui mêle nostalgie et douceur, six tranches de vie inoubliables pour tous les gourmands et amoureux de la gastronomie.

MON AVIS : Dès que j'ai appris la sortie de ce livre, je le voulais. Soyons honnête. J'ai entendu la discussion entre ma libraire et la représentante de la maison d'édition. Je me suis tirée une balle dans le pied en faisant un signe de tête positif sur ce livre (oui, je sais. Je ne m'aide pas non plus). Autant vous dire que je n'ai pas su lui résister.

Je n'attendais rien de particulier de ce livre. J'étais juste curieuse. Pourtant, j'ai un faible pour la cuisine japonaise et c'est bien la seule chose que j'attendais. J'ai eu bien plus. On découvre un restaurant caché à la devanture délabré. La particularité de ce restaurant est qu'il est impossible de le trouver. Son propriétaire considère que seul le destin peut amener une personne là-bas. Et c'est ce qu'il se passe tout au long du livre.

L'écriture est des plus simples mais l'auteur arrive à nous faire saliver. C'est le problème de ce genre de roman. Il faut prévoir de quoi manger en lisant tant la description des plats est savoureuse. Ce n'est pourtant pas ça le plus important. Chaque personnage cherche à retrouver un plat lié à un souvenir ou à une personne. On en découvre les raisons à chaque chapitre. Ces moments de dégustations nous rappellent l'importance de ce temps de pause et des émotions qu'ils peuvent occasionner sans qu'on ne s'en aperçoive.

Dans ce restaurant, on rencontre Nagare et sa fille Koishi. Nagare est chargé de recréer les plats après avoir mené une enquête. Il se base sur les informations recueillies par Koishi auprès du client. On ne sait absolument rien de la manière dont Nagare s'y prend. Parfois il explique comment il a trouvé les ingrédients mais entre la demande et la dégustation, rien.

Un autre point important même s'il n'en a pas l'air : le chat. J'adore les chats. Il a interdiction de rentrer mais il reste devant le restaurant et s'attarde devant chaque client. Son rôle est de dévoiler quelque chose sur le client. Je n'en dirai pas plus. Concernant les plats, vous serez surpris mais il n'y a pas que la cuisine japonaise. L'un de mes plats préférés est dedans. Je sais qu'il existe une suite et j'ai hâte de la lire. 

En bref, j'ai été agréablement surprise par ce roman qui m'a donné faim. C'est un roman qui fait du bien à tous les niveaux. Je ne peux que vous le recommander. La magie des romans japonais a encore fait mouche.



vendredi 22 mars 2024

Tenir sa langue de Polina Panassenko

Tenir sa langue de Polina Panassenko
Autrice : Polina Panassenko
Maison d'édition : Édition de l'olivier
Date de sortie : 19 Août 2022
ISBN : 9782823619591
Pages : 192
Prix : 18

Résumé :

« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »

Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.

À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.

Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.

Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.


MON AVIS : J'ai lu ce livre dans le cadre du prix fémina des lycéens avant de rencontrer l'autrice. J'ai un souvenir particulier de ce livre. Je ne sais pas trop ce que j'attendais de cette lecture. Ce livre commence avec une audience au tribunal de Bobigny. Pauline souhaite récupérer son prénom de naissance, Polina. Je tiens à préciser que ce livre n'est pas une autobiographie contrairement à ce qui a été dit ou ce que l'on pourrait penser.

Certains pourraient penser que c'est exagéré mais pas du tout. En lisant ce livre, on ne peut qu'être choqué par la réponse de la procureure lors de cette audience. Elle ne prend absolument pas en compte les sentiments et l'histoire de Polina. C'est à partir de ce rejet que le personnage principal va se souvenir de sa vie en Russie jusqu'à aujourd'hui en passant par son arrivée en France.

L'histoire de l'Urss devenu Russie est très présente. On découvre la vie à cette époque-là : l'importance de la vie de famille, d'être prudent et les changements de société. La grande histoire rencontre la petite. C'est d'ailleurs la raison du départ de Polina et sa famille pour la France. La petite fille qu'elle est doit s'adapter, apprendre une nouvelle langue et s'intégrer. C'est quelques années après que son prénom sera francisé.

L'autrice a fait preuve d'intelligence. Outre le fait qu'elle nous explique parfaitement pourquoi le personnage principal veut récupérer son prénom de naissance, elle joue avec le lecteur. En effet, par le regard de l'enfant, elle fait des jeux de mots que le lecteur ne comprend pas forcément pour montrer l'incompréhension d'une enfant qui ne parle pas la langue de son pays d'accueil. On se retrouve donc dans la même situation. Je vous rassure. Il n'y en a que deux ou trois. Elle fait aussi référence à la télé. J'ai souris tant la référence est connu. 

Pour être tout à fait honnête, lors de ma lecture au début, j'ai ressenti tellement de colère dans le texte que j'ai failli l'arrêter mais j'ai continué ma lecture et j'ai bien fait. J'avais conscience aussi qu'à ce moment-là, j'étais dans un état d'esprit qui ne m'aidait pas forcément. Heureusement que ce n'est que le début. Par la suite, on a la nostalgie d'une époque et surtout le point de vue d'une petite fille qui a eu tant de mal à s'adapter à son nouveau pays.

En bref, ce livre est une belle leçon très bien écrit. L'autrice arrive à pousser le lecteur à se mettre dans la peau de Polina et à comprendre son combat tout à fait juste. La question qu'elle pose est aussi importante : qu'est-ce qui permet à une personne de s'intégrer? Le titre est d'autant plus bien choisi.

mercredi 21 février 2024

La femme paradis de Pierre Chavagné

La femme paradis de Pierre Chavagné
Auteur : Pierre Chavagné
Maison d'édition : Le mot et le reste
Date de sortie : 6 Janvier 2023
ISBN : 9782384311262
Pages : 152
Prix : 18

Résumé : Coupée de la civilisation depuis plusieurs années, une femme sans passé survit au cœur de la forêt. Elle a apprivoisé les règles du monde sauvage pour mener une vie faite de pêche, de maraîchage et de méditation, où le sang n’est jamais versé en vain. Son existence spartiate et harmonieuse est bouleversée lorsqu’un coup de feu claque sur le causse. Cette détonation précipitera une série d’événements implacables questionnant les forces qui l’ont amenée à choisir l’exil, la place qu’elle occupe dans le monde des hommes, et la trace qu’elle souhaite y laisser. Se jouant habilement de la mince frontière qui sépare le désir de la raison, ce texte vif et cinglant ébranle nos certitudes. Que sauver quand tout s’effondre ?

MON AVIS : Je commence à découvrir cette maison d'édition petit à petit. J'ai un peu hésité pour ce titre bien que ma libraire en ait dit énormément de bien au club de lecture. Sûrement parce qu'il est sorti à un moment particulier de ma vie. À force de le voir, j'ai craqué. Je ne crois pas au coïncidence. Encore moins pour les livres.
 
On suit une femme coupée du monde. Elle vit dans une grotte au fond d'une forêt. Chaque jour, la même routine. Rien ne bouge. Pour survivre, elle a mis en place différent moyen de subsistance tout en respectant la nature. On ne sait rien de cette femme. C'est intriguant. On se pose la question : qu'est-ce qui à pousser cette femme à vivre comme ça depuis quelques années et à faire preuve d'autant de rigueur? Le roman est peut-être court mais cette question attise notre curiosité mais pas seulement.

Un coup de feu va bouleverser son quotidien. Cette femme sauvage au quotidien réglé comme une horloge va devoir improviser. Sait-elle seulement encore le faire? Jusqu'au bout, on ne sait pas ce qu'elle va faire ni les décisions qu'elle prendra. De cette vie sauvage monotone dans la forêt, sans trop de danger, on passe à un roman sous pression et intense. C'est grâce à ça qu'on aura toutes les réponses à nos questions et même celles qu'on ne se posait pas.

Ce roman est déstabilisant. Non parce qu'une femme vit dans la nature mais pour l'ambiance. Je ne saurai pas expliquer le pourquoi du comment. L'écriture y est pour beaucoup. L'auteur a créé une héroïne atypique. Je ne me souviens pas d'avoir croisé ce type de personnage quelque part. Elle a choisi de se couper du monde. Elle est impressionnante.

En bref, ce roman est vraiment particulier. J'ai été fascinée par ce personnage unique en son genre. On ne peut pas dire si on a aimé ou non. C'est autre chose que je ne saurai définir. Je peux juste préciser que je visualisais chaque scène.

jeudi 23 novembre 2023

Le château des trompe-l'œil de Christophe Bigot

Le château des trompe-l'œil de Christophe Bigot
Auteur : Christophe Bigot
Illustrations de Yohann Propin
Maison d'édition : La martinière
Date de sortie : 26 Août 2022
ISBN : 9791040110422
Pages : 352
Prix : 22,90

Résumé :

1837, baie du Mont Saint-Michel. Le jeune Baptiste Rivière est convoqué au château d’Escreuil pour s’y faire dicter les dernières volontés de la propriétaire des lieux. Mais à son arrivée, le personnel se ligue pour lui interdire l’accès à sa chambre : Langlois, diabolique intendant du domaine, le vieux Simon, qui semble plus qu’un ordinaire jardinier, et même Séverine, la femme de chambre dont Baptiste cherche pourtant à se faire une alliée.

Pourquoi la baronne d’Escreuil se cache-t-elle ? Qui est vraiment cette ancienne comédienne, veuve d’un aristocrate guillotiné sous la Terreur ? Bravant les mises en garde, Baptiste s’aventure dans les plus sombres recoins du domaine. Mais les apparences sont trompeuses, et en cherchant la baronne, c’est sa propre vérité que Baptiste va devoir affronter.

Jouant sur les codes du conte gothique, du roman historique et du récit d’apprentissage pour mieux les subvertir, Le Château des trompe-l’œil offre une plongée vertigineuse et haletante dans les gouffres du passé et de l’âme humaine.

Christophe Bigot est professeur de lettres et écrivain. Son premier roman L'Archange et le procureur, paru chez Gallimard, a reçu cinq récompenses dont le Prix Mottart de l'Académie française. Ses romans explorent sa passion pour la Révolution française et le XIXe siècle.


MON AVIS : Ce roman est sorti lors de la rentrée littéraire 2022. Dès que j'en ai entendu parlé, je voulais le lire. Je me le suis procurée pour mon anniversaire sans une seule hésitation. En plus de l'histoire, l'objet livre est juste sublime. Je suis juste étonnée du choix fait par la maison d'édition maintenant que je l'ai lu. Ça fait vraiment livre young adult alors qu'il n'en est rien dans le contenu. Je vais m'expliquer après.

On suit Baptiste, jeune notaire, chargée de recueillir les dernières volontés de la baronne d'Escreuil au sein de son château. C'est son premier dossier. On sent quelqu'un qui a la volonté de bien présenter et de faire son travail. Il est convaincu de passer peu de temps là-bas sauf que ce n'est pas le cas. C'est même tout le contraire. Notre héros se montre à la fois courageux et un peu peureux et surtout méfiant.

À son arrivée, il rencontre l'intendant, Langlois, un homme froid et inquiétant. Il va interdire à Baptiste l'accès à l'aile du château dans laquelle vit la Baronne. Bien que compréhensif au début, il va se poser beaucoup de questions au fur et à mesure que les jours passent. En attendant, il va faire l'inventaire des œuvres possédées par la baronne. Il va bien essayer d'en apprendre plus auprès de Séverine, la femme de chambre mais il n'osera pas beaucoup.Vous avez compris, on a une ambiance gothique que j'adore.

Dès les premières pages, on se régale de l'inventaire fait par Baptiste. Il mentionne tant de livres méconnus qu'on a envie de faire une liste. On imagine la pièce, le bureau où il se trouve et les étagères. Très vite, on découvre ce qu'il préfère lire : les œuvres licencieuses. Il suffit de voir les quelques noms dont un connu, pour savoir ce dont il est question. Ce n'est pas pour cette raison que je considère que ce livre est pour un public adulte. Il n'y a pas de citation. 

Concernant l'écriture, on est dans un récit d'époque. L'écriture en est empreinte. On y trouve une élégance qu'on ne voit plus en littérature surtout lorsqu'il est question de sensualité. Ça fait un bien fou de lire un roman plein de pudeur. De plus, l'auteur respecte totalement l'histoire. En dehors de la baronne et de son personnel, tous les autres personnages mentionnés de son passé ont réellement existé. C'était si détaillé que j'ai fait quelques recherches après ma lecture. J'étais agréablement surprise et même bien plus que ça.

Explication : notre jeune Baptiste, à force de se voir refuser une rencontre avec la baronne, va mener son enquête. On va apprendre énormément de choses sur la révolution française et la terreur mais du point de vue de la noblesse. Le roman a une autre dimension puisque le personnage principal va évoluer au fil de l'histoire. Je n'en dirai pas plus. Je ne m'attendais pas à ça du tout. Et c'est tant mieux.

En bref, ce roman a été une véritable surprise pour moi. Je savais que j'aimerai mais pas à ce point-là. Pour dire, à la fin, je pensais comme le héros. C'est dire comme on arrive à s'identifier à lui sans s'en apercevoir.

mardi 7 novembre 2023

Chère mamie, chère maman de Baik Sou Linne

Chère mamie, chère maman de Baik Sou Linne
Autrice : Baik Sou Linne
Maison d'édition : Atelier des cahiers
Date de sortie : 7 Novembre 2023
ISBN : 979-10-91555-81-4
Pages : 64
Prix : 12

Résumé : Chère Mamie, chère Maman dépeint trois générations de femmes unies par des sentiments universels. Baik Sou Linne s’attache à illustrer ce que mères et filles éprouvent les unes pour les autres, leurs difficultés à surmonter leurs peines, à trouver leur place dans une société divisée, intransigeante, où la quête de progrès doit composer avec les traditions. Le roman présente à la première personne les derniers mois qu’Ina, la narratrice, passe chez sa grand-mère. L’occasion pour elle de faire le point sur ses relations avec une mère absente, éternelle insatisfaite. 
Pour le lecteur étranger, ce récit éclairera d’un nouveau jour la condition des Coréennes, entre traditions et recherche d’excellence. Ces trois générations de femmes, dont chacune s’est éloignée de la précédente, vont progressivement apprendre à se comprendre et à se pardonner.

MON AVIS : Merci à la maison d'édition pour cette surprise. 
Dans ce court roman, on suit Ina qui va emménager chez sa grand-mère. Elle ne sait pas qu'il s'agit des derniers mois de sa grand-mère. C'est par son regard et ses émotions qu'on va rencontrer sa mère et sa grand-mère.  Ce texte n'est pas chronologique. C'est toujours par une situation, une émotion ou quelque chose que les souvenirs remontent.

Nous rencontrons trois générations de femmes complètement différentes les unes des autres. On sent l'influence et surtout les attentes que les unes ont pu avoir sur les autres. Autant la grand-mère a fait ce qu'il fallait pour que sa fille réalise son rêve, autant la mère se montre extrêmement dure envers sa propre fille. Les propos qu'elle tient sont même hyper violents envers elle. 

Par l'histoire de chacune, on découvre les attentes de chaque génération. On devine les erreurs à ne pas répéter qui en entraîne d'autres. Au final, c'est la grand-mère qui va le plus s'ouvrir à d'autres visions. On sent le lien très fort entre Ina et sa grand-mère aisément compréhensif. Jusqu'au bout j'ai eu beaucoup de mal avec la mère. Sa personnalité semble froide et dans l'ambition sans prendre en considération les émotions. Elle est le reflet de la société. 

En bref, c'est compliqué d'écrire un avis sur un texte si court sans trop à dire. Il est très descriptif mais montre très bien l'évolution de la société par le regard de chaque génération de femmes que l'on suit. Les attentes ne sont pas les mêmes de l'une à l'autre. De toute, c'est l'histoire de la grand-mère qui m'a le plus touchée.

mardi 26 septembre 2023

Elle et son chat de Makoto Shinkai, Naruki Nagakawa

Elle et son chat de Makoto Shinkai, Naruki Nagakawa
Auteurs : Makoto Shinkai, Naruki Nagakawa
Maison d'édition : Charleston
Date de sortie : 12 Octobre 2021
ISBN : 9782368126233
Pages : 224
Prix : 18

Résumé :
C’était au début du printemps, par un jour de pluie. Ce jour-là, elle m’a recueilli. Depuis, je suis son chat à Elle.
Un chat au franc-parler amoureux de sa maîtresse, une chatte rêveuse abandonnée, un chaton perdu dans sa nouvelle famille d’accueil et un chat de gouttière railleur… Ils vivent à Tokyo, dans le même quartier, se croisent et fraternisent au gré des saisons. Et non contents de bouleverser le quotidien de leurs humaines respectives, ils finissent par entremêler leurs vies.
Dans ce magnifique récit choral, femmes et félins se lient d’amitié et s’entraident pour apprendre, ensemble, la beauté de la vie. Un tableau urbain poétique sur la fragilité de la vie, son charme, la solitude et le jeu des apparences, porté par un style délicat et épuré.

MON AVIS : Ce livre a été adapté aussi en manga. J'ai fait le choix de la version roman. On suit quatre histoires de chats adoptés par des femmes différentes. On commence par un premier chat recueilli par une jeune femme un jour de pluie. Il adore sa maîtresse et s'inquiète pour elle. On la sent très solitaire. Elle va évoluer au fil des pages mais on ne le saura pas avant la fin.

Chaque chat a son caractère mais ils se montrent tous assez protecteurs même le chat de gouttière sous son air "je m'en foutiste". Ce livre semble être un recueil de nouvelles. Chaque nouvelle nous présente un chat différent et sa maîtresse. C'est le premier chat qui va permettre aux autres d'apparaître dans les nouvelles suivantes. Et surtout de les rencontrer, de découvrir leur environnement.
 
L'écriture paraît simple mais elle transmet beaucoup de choses. Par le regard de ces petites bêtes, on découvre les personnages. Sans aucuns jugements, les auteurs nous proposent un regard sur les relations humaines et la vie en société au Japon. Comme beaucoup de livres écrit par des japonais, l'écriture est pleine de douceur.

Ce que je retiens de ce livre, c'est surtout les chats. Pas seulement parce que j'adore ces animaux mais aussi parce qu'on sent que c'est l'arrivée de l'animal dans le foyer que la vie des personnages bougent. Je suis convaincue que les animaux de compagnie apportent beaucoup et cette lecture confirme mon avis.

En bref, ce roman court et simple typiquement japonais par cette écriture si particulière m'a fait du bien. Ne serait-ce que pour la présence des chats, il faut le lire mais aussi pour la galerie de personnages si différents.