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vendredi 1 août 2025

Vövöl de Bérangère Cournut

Vövöl de Bérangère Cornut

Autrice : Bérangère Cournut
Maison d'édition : Le tripode
Date de sortie : 1 Juin 2022
ISBN : 9782370553539
Pages : 96
Prix : 13

Résumé : Vövöl, c’est le poème des origines, une sorte de nouveau récit d’Ève et d’Adam. La légende d’un amour infini entre deux êtres  têtus. L’idylle incongrue d’un poisson et d’une coquille. Un pied de nez à Dieu. La quête d’un lynx et d’un hibou. Le tumulte des vagues et des volcans. Le secret d’une grotte.
Et au final, une histoire échevelée de Bérengère Cournut contant la rencontre d’un esprit naïf et d’une femme coriace, la naissance d’un enfant.

MON AVIS : L'autrice utilise le mythe de Adam et Ève pour donner une nouvelle version et un point de vue inédit sur l'histoire originelle. Lorsque j'ai ouvert ce livre en librairie, j'ai été étonné par la mise en page et surtout j'ai ri face au langage très franc employé par l'autrice.

On suit le dialogue entre ces personnages emblématiques. Adam tente de convaincre Ève de rejoindre une énième fois Dieu. Elle refuse et au fil des pages, on en comprend les raisons. On retrace les différentes vies qu'a mené ce couple avec plus ou moins de succès. À chaque fois, ils se sont retrouvés face à des embuches.

Au fil des pages, on découvre que Adam, quelque soit la forme qu'il prend, se montre lâche. Certes, il revient mais ce n'est pas lui qui est puni ou qui subit la colère de Dieu. Pour un personnage censé être éperdu d'amour, il ne le prouve pas vraiment. En face, nous avons Dieu ou une entité autre, peu importe le nom qui se comporte comme un dictateur vis-à-vis d'eux. Au-delà de sa volonté d'empêcher toute relation entre les deux, on devine une jalousie maladive.

Ce livre est une fois de plus un hymne à la nature sous toutes ces formes positives comme négatives. L'autrice affectionne particulièrement ce thème. À côté, le féminisme est plus que présent. On devine la métaphore des violences faites au femmes tout comme la charge mentale. 

En bref, ce livre est très beau entre poésie et propos plus franc. En utilisant les personnages à l'origine du monde, elle aborde des thèmes de société important sous la forme d'un conte. C'est une réussite.

mercredi 9 juillet 2025

Corée à cœur de Ida Daussy

Corée à cœur de Ida Daussy
Autrice : Ida Daussy
Maison d'édition : Atelier des cahiers
Date de sortie : 12 juin 2025
ISBN : 979-10-91555-97-5
Pages : 352
Prix : 12,30

Résumé : On parle beaucoup de la Corée du Sud, sans parfois bien la connaitre, aussi a-t-on parfois le sentiment d’une litanie de clichés venus de loin, qui parlent plus de nos fantasmes au sujet du pays du Matin calme que de la réalité de cet Orient extrême. La Corée change, beaucoup et vite, mais pas nos images a son sujet. Pour savoir ce qui se passe dans ce grand petit pays, qui de mieux placé qu’Ida Daussy, la Française la plus connue de Corée du Sud ?
Le récit d’Ida, professeure et personnalité médiatique locale, part de ses vingt-sept années de vie sud-coréenne en tant que femme et en tant qu’immigrée naturalisée, soudain divorcée et mère célibataire a la tête d’une famille multiculturelle. Cet ouvrage, écho d’une histoire vécue de l’intérieur, se veut a la fois inscrit dans cette expérience individuelle et largement ouvert aux questions sociétales, étayé de nombreux faits et de données précises concernant la Corée d’aujourd’hui et son évolution. Ida nous dresse un portrait sans fard et sans clichés de ce pays qui fascine, mais reste méconnu en France au-delà de l’actualité géopolitique ou des mélodies acidulées de la K-pop. 

MON AVIS : Merci à l'atelier des cahiers pour ce service presse.
Ida Daussy est très connue en Corée du Sud. Elle commence son livre en parlant de son divorce qui a fait la une de la presse dans le pays pour nous mettre en condition et surtout pour aborder des sujets de société comme le multiculturalisme, l'immigration, le féminisme ou d'autres encore. C'est son regard même si elle amène une réelle réflexion et s'appuie sur des chiffres.

Pour ceux qui idéalisent la Corée, vous serez forcément très étonnés. Personnellement, je ne suis pas très surprise par la plupart des choses que j'ai lu même si je ne pensais pas que ça allait aussi loin sur certains sujets. Je pense à cette guerre des genres. Elle montre aussi l'évolution du pays et nous explique clairement que son évolution économique a été plus rapide que son évolution sociale. 
 
En cours de lecture, vous trouverez des QrCode qui vous permettront de creuser des sujets si vous le souhaitez. Je ne les ai pas tous lus mais c'est vraiment intéressant. Je pense au service militaire par exemple ou au cas de l'ancienne présidente sud coréenne. On découvre quand même l'envers du décors de ce pays pour le moins surprenant. Je n'en dirai rien pour vous laisser la surprise.

En bref, j'ai adoré ce livre qui m'a permise de comprendre énormément de choses sur ce pays si paradoxal, entre modernité et tradition.  

vendredi 4 juillet 2025

80 mots de Taiwan de Aurélien Rossanino

80 mots de Taiwan de Aurélien Rossanino
Auteur : Aurélien Rossanino
Maison d'édition : L'asiathèque
Date de sortie : 17 Mai 2025
ISBN : 9782360574063
Pages : 184
Prix : 16,50

Résumé : « Vif, malin, intelligent, curieux de toutes les formes de vie, ouvert à toutes les cultures, Aurélien est un guide parfait et subjectif (ou parfait parce que subjectif) de cette île que j’ai connue sous le nom de Formose, et qu’il a adoptée par amour, après avoir parcouru la Chine et le Japon. On le verra apparaître dans les pages qui suivent, sous l’apparence d’un enseignant, d’un animateur radio, d’un éditeur. Grand lecteur de Jules Verne, il a fondé une revue qu’il a intitulée Passepartout. Il a donc un passeport en bonne et due forme, et la formule magique pour transformer quatre-vingts jours en quatre-vingts mots. »

MON AVIS : Merci à Babelio et à la maison d'édition pour ce service presse.
C'est le premier livre de cette collection que je lis. J'étais curieuse de la découvrir et c'était l'opportunité. J'ai adoré l'écriture de l'auteur et son humour. On sent qu'il connaît très bien Taiwan et qu'il y vit depuis pas mal de temps. Chaque mot permet d'aborder un thème différent et surtout des cultures différentes. C'est ce qui m'a le plus frappé dans ma lecture. On parle plusieurs langues et dialectes. 
 
L'auteur a créé même quelques personnages afin de mieux nous plonger dans les rues taiwanaises et nous présenter la façon de vivre. On a vraiment l'impression de circuler dans les rues, de sentir les odeurs, de voir les motos nous frôler. L'écriture de l'auteur est vraiment visuelle. On a aussi l'occasion de se créer une playlist musicale pour ceux qui le souhaitent au regard du nombre d'artistes mentionnés. J'avoue ne pas encore en avoir écouté.
 
En bref, j'ai adoré ce livre qui m'a permis de découvrir un pays de l'intérieur loin de l'image des médias. L'auteur en parle avec humour et amour. On sent qu'il aime ce pays. Je ne peux que vous recommander sa lecture. Je me procurerai celui sur la Corée du sud. 

mercredi 25 juin 2025

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea
Autrice : Maria Larrea
Maison d'édition : Grasset (publié en poche chez le livre de poche)
Date de sortie : 17 août 2022
ISBN : 978-2246831969
Pages : 224
Prix : 20

Résumé : L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera.
Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.


MON AVIS : Je n'avais pas repéré ce livre lors de la rentrée littéraire de l'année passée jusqu'à ce que j'en entende parler dans la grande librairie. Ça m'a juste donné envie de lire ce livre. Pourtant, j'ai toujours peur qu'on m'en dise trop mais c'était tellement au-delà de ce qui a été dit.

Ce livre part d'une histoire dingue: une tarologue va apprendre à Maria qu'elle a été adopté. Elle, qui ne croit pas en tout ça, va pourtant y croire. Quelque chose résonne en elle à ce moment-là et elle va chercher la vérité. L'écriture est très cinématographique. C'est cohérent avec le métier de l'autrice, scénariste. Pour vous dire, j'ai VU un livre. Chaque phrase faisait émerger des images qui s'enchaînaient. J'ai compris pourquoi lors de l'émission, ils ont autant insisté sur ce point.

On ouvre le livre sur la naissance de Victoria en Espagne. On alterne des chapitres du point de vue de maria et d'autres sur le passé de ses parents, ce qui les a amené à Paris. Victoria a vécu des choses atroces. Elle est restée très douce et bien trop docile. On devine une femme magnifique qui n'a pas eu la vie qu'elle méritait. Pourtant, elle ne semble avoir aucun regret. Concernant Julian, le père de Maria, ce n'est franchement pas mieux. C'est lui qui a le plus subi et souffert. C'est en avançant dans la lecture qu'on en comprend à peu près les raisons. Lui se montre violent.

Maria a grandi dans un environnement particulier et surtout dans un endroit assez dingue. Elle vit dans un appartement au sein d'un théâtre. Imaginez un peu les personnalités qu'elle a du croiser. J'ai aussi le souvenir de cette scène dans laquelle Maria a l'audace de s'adresser à un grand réalisateur alors qu'elle est encore au lycée. La mise en forme de cette scène est d'ailleurs très bien trouvée. On suit l'évolution aussi de Maria et son combat pour retrouver ses parents biologiques. La grande histoire rencontre la petite.  

En bref, j'ai adoré ce livre que j'ai lu quasiment en une fois tant j'étais absorbée. Si vous voulez lire un livre digne d'un film hollywoodien, allez-y. Il faudra juste se souvenir que c'est une histoire vraie.

vendredi 20 juin 2025

Par-delà nos corps de Bérangère Cournut

Par-delà nos corps de Bérangère Cornut
Autrice : Bérangère Cournut
Maison d'édition : Le tripode
Date de sortie : 1 Juin 2023
ISBN : 9782370553546
Pages : 128
Prix : 8

Résumé : À la veille de la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Malo, une femme adresse une lettre à un ancien amant. Elle y fait le bilan de sa vie tumultueuse et y défend farouchement sa liberté - y compris face à la mort. Des hommes aimés et disparus aux enfants qu’elle a reçus, du chaos des guerres au miracle toujours renouvelé du vivant, elle se souvient de tout, et ne regrette rien…

MON AVIS : Ma libraire m'a fait découvrir cette maison d'édition par le biais de Pierre Cendors. Depuis, il n'y a pas un seul livre qui m'ait fait fuir. Dès que j'ai vu ce roman en gondole de rayon, j'ai craqué. Ma pauvre libraire n'a même pas eu le temps de le lire. Tout comme un autre titre que vous verrez plus tard.

J'appréhendais un peu cette lecture puisqu'il est précisé que ce livre est une réponse à un autre écrit par Pierre Cendors "Minuit en mon silence". Heureusement, un très court résumé se trouve à l'intérieur. Ça ne m'empêchera pas de me procurer ce livre à l'occasion. À l'origine, une femme française a eu un amant longtemps avant, un soldat allemand. À la veille de la seconde guerre mondiale, elle décide de répondre à la lettre de cet homme.

La plume de l'autrice est sublime. J'adore ce genre d'écriture avec cette ambiance passée. Vous ne pouvez qu'être subjugué par l'héroïne. Elle va expliquer sa réponse tardive et tout ce qu'elle a vécu depuis leur dernière rencontre. On sent une femme libre d'aimer qui a voyagé et très proche de la nature. C'est la chose que j'en ai le plus retenu tout comme son amour pour ses enfants. Les descriptions les concernant avant leur naissance est unique et pleine de métaphore.

On suit une vie pleine d'aventures, de départs et de retrouvailles ponctué de guerres. Comment a-t-elle vécu ces périodes si difficiles? Elle va parler du hasard de la vie et de tant d'autres choses. En somme, de tout ce qui fait une vie. 

En bref, on sent un amour qui dépasse tout pour ce soldat qu'elle n'a jamais revu. Pourtant, elle n'a aucun regret. L'autrice prouve que l'amour peut être pur sans aucune connotation physique. Ce qui nous renvoie au titre.

vendredi 23 mai 2025

La vie fragile de Louise Pommeret

La vie fragile de Louise Pommeret
Autrice : Louise Pommeret
Illustratrice : Virginie Billaudeau
Maison d'édition : Chemin de fer
Date de sortie : Mars 2025
ISBN : 978-2-490356-52-2
Pages : 136
Prix : 16

Résumé : "J’ai poussé près de la maison, trop près peut-être ; était-ce par instinct de survie, mais mes branches du côté de l’habitation se sont moins déployées que les autres. Je ne voulais pas leur rappeler que j’étais près, trop près. Nous avons vécu à bonne distance, ainsi nous nous sommes épargnés. Comment ont-ils construit la maison, dis-tu ? Mais comme toutes les maisons. Il y a eu des hommes, des hommes avec des pierres pour élever des murs."

La vie fragile c’est l’histoire d’une maison à la veille de sa destruction racontée par les êtres qui la peuplent depuis l’origine, animaux, végétaux et minéraux. Eux seuls connaissent les rires et les peines de ceux qui ont construit, qui ont vécu dans ce lieu aujourd’hui condamné.
Une femme passe une dernière nuit dans cette maison qui sera rasée le lendemain par un chantier autoroutier.
Les voix humaines se sont tues depuis longtemps. L’heure est venue d’en entendre d’autres. Celles qui ont fait le lieu, qui ont vu la ferme sortir de terre, la vie s’y déployer sur un siècle.
Au départ, en 1910, il y a eu les Marsand, trois générations de fermiers. Puis l’homme qui s’est installé quand la lignée des paysans s’est éteinte. Enfin elle, l’échouée, venue ici trouver refuge il y a quelques années.
Louise Pommeret donne la parole au hêtre, à la chouette, à la ronce, aux témoins des temps révolus, toutes ces présences muettes et fragiles qui, par la magie de l’écriture, deviennent les véritables témoins des fugaces existences humaines, faites de guerre, de travail, d’amour ou de jalousie. Ensemble ces voix forment une assemblée, un peuple, une communauté sensible. Elles sont les vies fragiles, émouvantes et poignantes car jamais entendues.
La vie fragile est un roman subtilement engagé, à la fois lutte écologique et écobiographie, un roman qui veut explorer les liens qui nous rattachent au monde et raconter les lieux, les êtres, en qui nous déposons nos affects terrestres.
Virginie Billaudeau a choisi d’aller promener son regard sensible sur les lieux de l’écriture du texte. Les paysages, la flore de Haute-Loire animent le livre de leur présence tour à tour délicate et puissante.

MON AVIS : J'adore cette maison d'édition et il s'agit du dernier coup de cœur de ma libraire adorée. Les livres de cette maison d'édition sont tous illustrés. C'est la rencontre d'un auteur avec un illustrateur. Dès les premiers mots, on est embarqué. Chaque chapitre est écrit du point de vue des témoins de l'histoire d'une maison qu'ils soient végétaux ou animaliers. Ils s'adressent tous à la dernière habitante d'une maison. On découvre que cette maison et tout ce qui l'entoure vont être détruit le lendemain.

La plume de l'autrice est sublime. Elle est directe mais aussi poétique. On découvre les différents habitants de cette maison mais aussi la grande histoire et son influence. Cela permet d'aborder d'autres thèmes en plus de l'écologie. Au fil des pages, par le regard de végétaux ou d'animaux, on découvre une critique de la société des plus justes. J'ai apprécié que ce ne soit pas moralisateur. Ça n'empêche qu'on passe par toutes les émotions.
 
Les illustrations sont sublimes en noir et blancs essentiellement. Elles s'accordent parfaitement avec le texte aussi bien dans son contenu que dans son émotion. Le fait que ce soit épuré permet de lier les chapitres en plus du texte, comme pour prendre le temps de tourner le visage vers le prochain témoin.

En bref, ce texte m'a bouleversé. L'autrice a réussi à mettre au centre de l'histoire l'importance de ce qui nous entoure. Elle nous rappelle que l'humain n'est pas éternel et que sans la nature, nous ne serions rien.

 

mercredi 9 octobre 2024

Lullaby de Cécile Guillot

Lullaby de Cécile Guillot
Autrice : Cécile Guillot
Maison d'édition : Chat noir
Date de sortie : 6 octobre 2021
ISBN : 9782375681725
Pages : 114
Prix : 12

Résumé :

États-Unis, années 20.

Hazel aime écrire des histoires horrifiques et rêve de devenir écrivain. Son cœur bat pour sa jolie voisine, Blanche. Mais quand ses parents découvrent ses diverses inclinations, ils s’en indignent et décident de la faire interner à Montrose Asylum.

Là-bas, elle rencontre la fougueuse Jo et la fragile Lulla. Toutes les trois vont suivre la mystérieuse berceuse qui s’élève la nuit, les menant au sein d’un jardin abandonné…


MON AVIS : J'avais déjà lu ce livre en 2021 mais la vie a fait son œuvre. Je l'ai donc relu. Et j'ai bien fait. Les textes de Cécile Guillot sont toujours très forts. Les thèmes abordés sont intenses et bouleversants. On ne peut pas rester insensible. On est dans les années 20 aux États-Unis. Hazel se retrouve internée en hôpital psychiatrique parce qu'elle écrit des histoires d'horreurs et qu'elle est un peut trop proche de sa voisine Blanche.

L'autrice a fait des recherches sur le traitement des femmes à l'époque. Dans les remerciements, elle explique également les choix qu'elle a fait. On parle forcément de la place de la femme mais aussi des enfants dans la société à l'époque. Le féminisme est omniprésent tout comme l'homosexualité féminine, sujet si peu abordé. D'autres thèmes qu'on ne soupçonne pas sont abordés. Je pense aux traumatismes psychologiques, au handicap de quelques formes que ce soit. Et j'en passe.

L'évolution psychologique de Hazel est très bien écrit. On voit une jeune femme de caractère qui se remet en question. Elle est partagée. Sa rencontre avec Jo à l'hôpital va la sauver et la rassurer. Quand à Lulla, j'ai beaucoup aimé ce personnage. Je n'ai rien vu venir la concernant. Ce personnage est l'élément central de ce court texte. 

Ce texte m'a fait passer par toutes les émotions. On est en colère, révolté par ce qu'on lit. Peu importe ce que l'on sait, ça reste dingue que des hommes aient pu traiter les femmes comme ça. Par le biais de dialogues, on lit le fond de la pensée de certains personnages féminins qui sont jubilatoires. On se révolte aussi pour d'autres raisons que je ne mentionnerai pas. Je n'ai vraiment pas vu venir les révélations. On ne peut être qu'en empathie avec Hazel.

En bref, cette nouvelle est nécessaire. Je ne peux que vous la recommander vivement aussi bien pour les thèmes abordés que pour les révélations. Vous ne pourrez pas rester insensible face à ce que vous lirez.

mercredi 25 septembre 2024

Les épines de Cédrik Armen

Les épines de Cédrik Armen
Auteur : Cédrik Armen
Maison d'édition : Autoédition
Date de sortie : 15 Mai 2024
ISBN : 979-1041545520
Pages : 236
Prix : 16,50

Résumé : « Mes félicitations, vous avez trouvé ce roman. Un roman de gare, d’aéroport, de bateau ou de chameau, peu m’importe, ça ne me concerne plus. Il me reste si peu de temps, un danger plane au-dessus de moi. Ici, je suis en sécurité, personne ne sait où je me cache. C’est le lieu idéal pour tout vous raconter. Profitons-en. Je n’ai plus peur de rien. »

Un adulte au cœur d’enfant rêve trop grand dans un monde petit. Il se construit entre un père violent et une mère absente. À qui la faute ? À la fée penchée sur son berceau dès sa naissance ? Il n’y a pas eu de berceau, juste une baignoire, et peu de place pour la douceur. À moins que des papillons viennent le sauver.

MON AVIS : Je suis Cédrik Armen depuis des années. Quand il a annoncé la sortie de son premier roman, je n'ai pas hésité une seconde. Ayant lu les poèmes qu'il a publié sur facebook, j'étais confiante. C'est à peine si j'ai regardé le résumé. Je savais que la qualité serait là. Le risque était d'en attendre peut-être trop. Est-ce que je m'attendais à un tel niveau? Non. Je me suis pris une claque littéraire. Et c'est rare. On sent qu'il a travaillé son roman et pas qu'un peu.

On suit Boniface, un enfant né dans une famille dysfonctionnelle jusqu'à l'âge adulte. Entre un père violent et une mère partie, il rêve de devenir écrivain. À travers ce roman, vous trouverez du cynisme (je pense au début avec la fée par exemple) comme des moments de poésie délicieux (souvent autour de la littérature). Il utilise beaucoup de métaphore qui rend le style d'écriture particulier. Le lecteur ne peut pas rester indifférent. On trouve aussi, disséminé, des références littéraires.

Cédrik aborde beaucoup de thèmes. Il commence par la violence intrafamiliale qu'elle soit physique ou verbale. Parce que, oui, les mots font mal et peuvent plus de mal que les coups. Sa passion pour la littérature est puissante. Ces passages sur l'apprentissage de la langue, le syndrome de la page planche sont juste sublimes. Ils prennent aux tripes. L'amour a aussi toute sa place par le personnage de Mélusine. Jolie prénom très bien choisi. Elle est aussi son point d'encrage avec la réalité. 
 
Jusqu'au jour où... Je n'en dirai pas plus. Est-ce que j'ai vu venir la fin? Pas du tout. C'est typiquement ce genre de livre qui va vous rendre fou. La fin est si surprenante que ça remet en question tout ce que vous avez lu. Je vous mets au défi de la deviner. Ce roman confirme une impression que j'ai depuis pas mal de temps. Les éditeurs sont frileux et n'osent pas sortir des sentiers battus. C'est fort dommage. Je fais partie de ces lectrices qui cherchent l'originalité. Ici, j'ai été plus que servi. J'ai même cru que j'allais verser une larme sur un passage.

En bref, ce roman sort des sentiers battus. La plume est travaillée et sublime. Je me suis pris une claque littéraire comme rarement. Je ne peux que vous recommander ce roman surtout si vous cherchez de l'originalité.

mardi 17 septembre 2024

Féeries et Légendes : Dames de Brocéliande de Sandrine Gestin


Féeries et Légendes : Dames de Brocéliande de Sandrine GestinAutrice : Sandrine Gestin
Maison d'édition : Au bord du continent
Date de sortie : 26 Juillet 2017
ISBN : 978-2-370510-35-8
Pages : 160
Prix : 7,50

Résumé :

C’est sur les traces des « Belles Dames », Morgane, Guenièvre, Viviane ou encore Iseult, que nous entraîne Ada, une mystérieuse femme, égarée au cœur de l’envoûtante Brocéliande.

Mais c’est en se perdant dans la forêt magique, en compagnie des fées, des ondines ou des dryades, qu’elle découvrira un secret jusqu’alors jalousement gardé… 


MON AVIS : Premier livre que je lis de cette maison d'édition. C'est la version poche. L'objet livre reste très beau avec les illustrations que vous trouverez à l'intérieur. On suit Ada, une vieille femme perdue qui va entrée dans la forêt de Brocéliande. Elle est en recherche d'identité.

En avançant dans l'histoire, elle va rencontre différentes créatures qui vont chacune lui conter une légende. La présence des éléments a son importance. L'écriture est faite pour être conté à voix haute. C'est très poétique et dans l'ambiance des légendes celtiques que l'on connaît.

Les illustrations ajoutent à l'ambiance. J'aurai préféré qu'elles soient en couleur mais ce n'est pas grave. Les légendes assemblées vous amènent à une autre. On les connaît toutes. C'est une bonne entrée en matière pour ceux qui voudraient découvrir.

En bref, j'ai été agréablement surprise par la qualité de ce livre de poche accessible à tous.

mercredi 31 juillet 2024

La femme brouillon de Amandine Dhée

Autrice : Amandine Dhée
Maison d'édition : Folio
Date de sortie : 8 Novembre 2018
ISBN : 9782072743443
Pages : 144
Prix : 6,90

Résumé : «Le meilleur moyen d’éradiquer la mère parfaite, c’est de glandouiller. Si faire vœu d’inutilité est déjà courageux dans notre société, pour une mère, c’est la subversion absolue. Le jour où je refuse d’accompagner père et bébé à un déjeuner dominical pour traîner en pyjama toute la journée, je sens que je tiens quelque chose.»

D’une écriture débordante d’ironie, Amandine Dhée évoque la maternité et cherche une alternative au rôle que la société voudrait lui assigner. Un livre désopilant qui écorne le fantasme idéalisant les femmes enceintes et mères parfaites.

MON AVIS : J'ai entendu parler de ce livre depuis sa sortie grand format mais le prix me refroidissait surtout au regard de la thématique. Je ne me sentais pas concernée de par ma volonté de ne pas avoir d'enfants. J'ai eu tort. J'ai jubilé en lisant ce roman autobiographique puisque l'autrice ne voulait pas d'enfant. Pourtant, elle tombe enceinte. S'ensuit des situations la faisant réfléchir au comportement des gens face à une femme enceinte.

Est-ce que j'imaginais lire un livre aussi féministe? Non. Je pensais me retrouver face à un livre sur la grossesse. Pas du doute. Certes, on en parle mais sous le prisme du féminisme. Certaines choses m'ont ouvert les yeux. je n'avais pas vu les choses sous cette angle. Autant la réaction de la famille face à la nouvelle ne m'a pas étonné du tout, autant le sentiment de l'autrice face aux réactions du parfait inconnu, je n'y ai jamais pensé.

Ce qui ressort de ce livre est qu'au final, la femme a le devoir toujours de donner la vie. Pendant la grosses, elle est traitée en reine mais les gens se montrent sans gêne avec elle. (J'ai tant d'images de ce genre en tête...je me suis choquée en pendant au mouvement me too mais que personne n'ai parlé de ces comportements) À côté, on s'aperçoit qu'une fois l'enfant naît, la mère n'existe plus sauf pour la critiquer sur tout. D'ailleurs, j'ai adoré la réflexion sur la mère parfaite mais avec un humour incroyable.

Pour ceux qui serait réfractaire au féminisme, je vous rassure. On est dans un féminisme juste. Elle ne va pas loin. Elle est réaliste et utilise des évènements concrets et vécus pour démontrer le problème de la société vis-à-vis des femmes. Le pire, c'est même la fin qui renvoie à des propos historiques juste choquants.

En bref, ce livre est juste le vécu d'une femme réaliste. Elle découvre un nouveau rôle par le biais de sa grossesse. Elle pose des tas de questions sur les conséquences tout en montrant le sexisme inconscient de la société à l'égard des femmes.

mercredi 17 juillet 2024

De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr

De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr
Auteur : Mohamed Mbougar Sarr
Maison d'édition : Le livre de poche
Date de sortie : 13 Janvier 2021
ISBN : 9782253240914
Pages : 192
Prix : 7,70

Résumé : Tout part d’une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment un cadavre est déterré, puis traîné hors d’un cimetière par une foule. Dès qu’il la visionne, Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l’enseignement et fatigué de l’hypocrisie morale de sa société, devient préoccupé, voire obsédé par cet événement. De qui s’agissait-il ? Pourquoi avoir exhumé le corps ? À ces questions, une seule réponse : c’était un góor-jigéen, un « homme-femme ». Autrement dit, un homosexuel. Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent…
Un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d’être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu’en soit le prix ?


MON AVIS : J'avais adoré "la plus secrète mémoire des hommes" du même auteur. Encore aujourd'hui, ce roman m'accompagne. Il est dans un coin de ma tête. Je sais que je le relirai. Je me suis forcément procurée ses autres romans et j'ai commencé par celui-là. L'auteur prend le risque d'aborder un thème complexe dans la culture africaine : l'homosexualité.

On suit un professeur de lettre qui va être amené à se poser des questions suite à la diffusion d'une vidéo montrant un cadavre déterré parce que cet homme est soupçonné d'être homosexuel. C'est par ce biais qu'on apprend que la religion musulmane interdit l'enterrement des personnes LGBT dans les cimetières. Cette vidéo très violente aura un impact puissant sur le personnage principal même s'il essaie de jouer les durs au début du livre.

Par le regard de Ndéné, on découvre la société nigérienne et la vision de la population sur l'origine de l'homosexualité. Les propos sont extrêmement durs puisqu'on en a déjà entendu certains. L'homophobie assumée de ce pays est expliqué notamment par la religion mais personne n'est vraiment capable d'en expliquer l'origine. 

Une autre question se pose sur l'enseignement au Nigéria et l'influence du pouvoir en place. J'ai trouvé Ndéné très courageux même si ses choix sont suicidaires. Pourtant, jusqu'au bout on ne sait pas ce qu'il va advenir de lui. Les réactions de sa famille sont douloureuses. Que faire? Soutenir sa famille ou son pays? C'est un choix cruel.

Face à ce livre, j'ai été choqué et révolté face à cette société si violente à l'égard d'une catégorie de population mais aussi son hypocrisie. Il est si facile de mettre tout sur le dos des autres. Je pense à une autre thématique que l'on voit si peu abordé en littérature. Ça m'a fait plaisir de la voir et vous laisse la découvrir en lisant ce livre. Ce serait gâché l'effet de surprise.

En bref, j'ai lu roman coup de point qui n'hésite pas à dénoncer l'homophobie d'un pays et sa violence de la manière la plus cru tout en restant élégant malgré tout. Une fois de plus, cet auteur a fait mouche.

mercredi 19 juin 2024

Guide des égarés de Jean D'Ormesson

Le guide des égarés de Jean D'Ormesson
Auteur : Jean d'Ormesson
Maison d'édition : Gallimard
Date de sortie : 3 Octobre 2016
ISBN : 978-2072694363
Pages : 120
Prix : 14,50

Résumé : Nous ne savons ni pourquoi nous sommes nés ni ce que nous devenons après la mort. Nous sommes tous des égarés.
C'est à la question : « Qu'est-ce que je fais là ? », que s'efforce de répondre ce manuel de poche qui n'a pas d'autre ambition que de décrire avec audace, avec naïveté, avec gaieté ce monde peu vraisemblable où nous avons été jetés malgré nous et de fournir vaille que vaille quelques brèves indications sur les moyens d'en tirer à la fois un peu de plaisir et, s'il se peut, de hauteur.

MON AVIS : Comment vous parler de ce livre? Je n'en ai aucune idée. J'ai toujours été fasciné par ce monsieur. Je pouvais l'écouter des heures parler pourtant je n'ai jamais osé lire un de ces livres. Sûrement par peur d'être déçue. Heureusement, dans le cadre d'une brocante littéraire, j'ai pu me procurer plusieurs de ses romans. Je remercie d'ailleurs le vendeur pour le prix qu'il m'a fait à cette occasion. Comme quoi, entre passionnés, on peut se montrer généreux.

Je ne sais pas si j'ai commencé par le meilleur mais c'était surtout le plus court. Je l'ai lu en une fois tant c'était passionnant. Au regard du nombre de thèmes abordés, il faudra que je le relise. Impossible de me souvenir de tout. La question de base est celle que tout le monde se pose : qu'est-ce qu'on fait là? L'auteur fait preuve d'humilité en précisant qu'il n'apporte aucune réponse mais des réflexions sur beaucoup de sujets. 

Ce livre pousse le lecteur à réfléchir. Est-on ou non d'accord avec l'auteur? Allez savoir. Me concernant, je me souviens de m'être laissé porter par ce livre. Par moment, je méditais ce que je venais de lire. On rencontre surtout un auteur réfléchi et très ouvert d'esprit. Je ne regrette pas d'en avoir acheté d'autres. En lisant ce livre, j'ai ressenti beaucoup de choses positives malgré les sujets difficiles abordés pour certains en tout cas.

En bref, je m'en veux d'avoir tant douté de la qualité  des œuvres de ce monsieur. Par contre, je nuancerai mon propos sur le seul défaut de ce livre : son prix. Je trouve ça un peu excessif mais ce n'est franchement pas le pire.

vendredi 22 mars 2024

Tenir sa langue de Polina Panassenko

Tenir sa langue de Polina Panassenko
Autrice : Polina Panassenko
Maison d'édition : Édition de l'olivier
Date de sortie : 19 Août 2022
ISBN : 9782823619591
Pages : 192
Prix : 18

Résumé :

« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »

Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.

À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.

Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.

Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.


MON AVIS : J'ai lu ce livre dans le cadre du prix fémina des lycéens avant de rencontrer l'autrice. J'ai un souvenir particulier de ce livre. Je ne sais pas trop ce que j'attendais de cette lecture. Ce livre commence avec une audience au tribunal de Bobigny. Pauline souhaite récupérer son prénom de naissance, Polina. Je tiens à préciser que ce livre n'est pas une autobiographie contrairement à ce qui a été dit ou ce que l'on pourrait penser.

Certains pourraient penser que c'est exagéré mais pas du tout. En lisant ce livre, on ne peut qu'être choqué par la réponse de la procureure lors de cette audience. Elle ne prend absolument pas en compte les sentiments et l'histoire de Polina. C'est à partir de ce rejet que le personnage principal va se souvenir de sa vie en Russie jusqu'à aujourd'hui en passant par son arrivée en France.

L'histoire de l'Urss devenu Russie est très présente. On découvre la vie à cette époque-là : l'importance de la vie de famille, d'être prudent et les changements de société. La grande histoire rencontre la petite. C'est d'ailleurs la raison du départ de Polina et sa famille pour la France. La petite fille qu'elle est doit s'adapter, apprendre une nouvelle langue et s'intégrer. C'est quelques années après que son prénom sera francisé.

L'autrice a fait preuve d'intelligence. Outre le fait qu'elle nous explique parfaitement pourquoi le personnage principal veut récupérer son prénom de naissance, elle joue avec le lecteur. En effet, par le regard de l'enfant, elle fait des jeux de mots que le lecteur ne comprend pas forcément pour montrer l'incompréhension d'une enfant qui ne parle pas la langue de son pays d'accueil. On se retrouve donc dans la même situation. Je vous rassure. Il n'y en a que deux ou trois. Elle fait aussi référence à la télé. J'ai souris tant la référence est connu. 

Pour être tout à fait honnête, lors de ma lecture au début, j'ai ressenti tellement de colère dans le texte que j'ai failli l'arrêter mais j'ai continué ma lecture et j'ai bien fait. J'avais conscience aussi qu'à ce moment-là, j'étais dans un état d'esprit qui ne m'aidait pas forcément. Heureusement que ce n'est que le début. Par la suite, on a la nostalgie d'une époque et surtout le point de vue d'une petite fille qui a eu tant de mal à s'adapter à son nouveau pays.

En bref, ce livre est une belle leçon très bien écrit. L'autrice arrive à pousser le lecteur à se mettre dans la peau de Polina et à comprendre son combat tout à fait juste. La question qu'elle pose est aussi importante : qu'est-ce qui permet à une personne de s'intégrer? Le titre est d'autant plus bien choisi.

mercredi 21 février 2024

La femme paradis de Pierre Chavagné

La femme paradis de Pierre Chavagné
Auteur : Pierre Chavagné
Maison d'édition : Le mot et le reste
Date de sortie : 6 Janvier 2023
ISBN : 9782384311262
Pages : 152
Prix : 18

Résumé : Coupée de la civilisation depuis plusieurs années, une femme sans passé survit au cœur de la forêt. Elle a apprivoisé les règles du monde sauvage pour mener une vie faite de pêche, de maraîchage et de méditation, où le sang n’est jamais versé en vain. Son existence spartiate et harmonieuse est bouleversée lorsqu’un coup de feu claque sur le causse. Cette détonation précipitera une série d’événements implacables questionnant les forces qui l’ont amenée à choisir l’exil, la place qu’elle occupe dans le monde des hommes, et la trace qu’elle souhaite y laisser. Se jouant habilement de la mince frontière qui sépare le désir de la raison, ce texte vif et cinglant ébranle nos certitudes. Que sauver quand tout s’effondre ?

MON AVIS : Je commence à découvrir cette maison d'édition petit à petit. J'ai un peu hésité pour ce titre bien que ma libraire en ait dit énormément de bien au club de lecture. Sûrement parce qu'il est sorti à un moment particulier de ma vie. À force de le voir, j'ai craqué. Je ne crois pas au coïncidence. Encore moins pour les livres.
 
On suit une femme coupée du monde. Elle vit dans une grotte au fond d'une forêt. Chaque jour, la même routine. Rien ne bouge. Pour survivre, elle a mis en place différent moyen de subsistance tout en respectant la nature. On ne sait rien de cette femme. C'est intriguant. On se pose la question : qu'est-ce qui à pousser cette femme à vivre comme ça depuis quelques années et à faire preuve d'autant de rigueur? Le roman est peut-être court mais cette question attise notre curiosité mais pas seulement.

Un coup de feu va bouleverser son quotidien. Cette femme sauvage au quotidien réglé comme une horloge va devoir improviser. Sait-elle seulement encore le faire? Jusqu'au bout, on ne sait pas ce qu'elle va faire ni les décisions qu'elle prendra. De cette vie sauvage monotone dans la forêt, sans trop de danger, on passe à un roman sous pression et intense. C'est grâce à ça qu'on aura toutes les réponses à nos questions et même celles qu'on ne se posait pas.

Ce roman est déstabilisant. Non parce qu'une femme vit dans la nature mais pour l'ambiance. Je ne saurai pas expliquer le pourquoi du comment. L'écriture y est pour beaucoup. L'auteur a créé une héroïne atypique. Je ne me souviens pas d'avoir croisé ce type de personnage quelque part. Elle a choisi de se couper du monde. Elle est impressionnante.

En bref, ce roman est vraiment particulier. J'ai été fascinée par ce personnage unique en son genre. On ne peut pas dire si on a aimé ou non. C'est autre chose que je ne saurai définir. Je peux juste préciser que je visualisais chaque scène.

vendredi 15 décembre 2023

Le pays qui descend de David Camus

Auteur : David Camus
Maison d'édition : Robert Laffont
Date de sortie : 19 Octobre 2023
ISBN : 9782221272619
Pages : 528
Prix : 20

Résumé :
Le premier volet d’un diptyque d’aventure follement inventif.
Li, quinze ans, vit dans le village de Cent-Maisons (Et-Pas-Une-De-Plus) sur Vertical, une gigantesque montagne dont nul ne connaît la base ni le sommet. Comme chacun de ses habitants, elle rêve d'atteindre un jour « Tout En Bas Tout En Bas », là où même l'eau se repose ; mais, enfant trouvée, elle se sait condamnée à l'avenir morne de ceux qui ne descendent de personne.

Quand un drame la pousse à partir avec cinq autres adolescents, son existence bascule. Débute alors un voyage jalonné de rencontres étonnantes dans des mondes inconnus qui la mèneront à la découverte d'elle-même et des nombreux secrets du Pays qui descend.
 
MON AVIS : Merci à Babelio et à la maison d'édition pour ce service presse.
J'ai entendu parler de ce livre depuis un petit moment sur les réseaux sociaux. J'étais comme une folle quand j'ai vu que j'étais sélectionnée pour ce livre. Je m'attendais à un roman particulier. Je n'ai pas été déçue. Je dirai même qu'il est inclassable. On suit Li, une jeune fille de 15 ans qui vit à Cent-Maisons (Et-Pas-Une-De-Plus) sur Vertical. Tous les habitants rêvent d'atteindre Tout En Bas Tout En Bas. L'adolescente fera partie d'un groupe préparé pour s'y rendre...Bien que ce ne soit pas prévu.

Je suis encore en train de me demander ce que je vais pouvoir vous dire tant j'ai eu l'impression de voyager de pleins de manières différentes. Ce livre est hallucinant. Commençons par l'écriture. J'ai mis des post-it. Si vous me suivez, vous savez que c'est rare que j'en mette. L'auteur a un style fluide et accessible mais d'une subtilité rare. Par exemple, lorsqu'il écrit "Tout en Bas", ce n'est pas forcément pour mentionner un lieu. C'est aussi un Dieu, une religion. Il utilise des expressions de tous les jours mais les transforme avec le mot "Bas". C'est superbement pensée.

Dans l'univers proposé, les habitants vivent sur une montagne. Même si tout le monde rêve d'atteindre Tout En Bas Tout En Bas, seuls les descendants de précédents descendeurs sont entraînés à le faire. Ne parlerait-on pas de différences sociales? Si. À côté, vous avez Li dont le physique et l'histoire la met à part. Serait-il question de harcèlement? Oui. Elle est une enfant adoptée qui a les cheveux blonds et les yeux bleus contrairement aux autres qui ont tous les cheveux bruns et les yeux marrons.

C'est un concours de circonstances qui va lui permettre d'entreprendre son voyage en compagnie de cinq personnes totalement différentes. Chacun a un rôle dans le groupe. L'arrivée de Li sera mal perçue...Au début. Les évènements changeront la donne. Je ne peux évidemment rien en dire sous peine de vous gâcher la surprise. Honnêtement, je me suis laissée porter par l'histoire. Je n'ai rien vu venir tant ce roman est atypique. On y parle de tant de sujets. J'en ai déjà mentionné deux mais on pourrait faire une liste assez longue. C'est la première fois que je vois l'écologie abordée de cette manière. Ce n'est pas absolument moralisateur non plus.

Au cours de ce voyage, Li va découvrir d'autres paysages et d'autres villes. Les noms sont parfaitement choisis. La créativité de l'auteur est juste dingue. Chaque nom a son importance. Je me souviens même des personnages secondaires. J'espère qu'on reverra Araz. C'est le genre de personnages que j'adore avec son mystère. J'ai eu l'impression de traverser des époques et des cultures en un seul livre.  Les références sont nombreuses. On trouve quelques descriptions glauques. Les premières ne m'ont pas choquée plus que cela  mais la seconde est horrible. Vous avez parfois une scène dans laquelle tout semble parfait mais vous sentez que ce n'est pas clair. Jamais l'auteur n'écrit noir sur blanc ce dont il s'agit. On ne fait que le deviner. On peut nier mais on a quand même la confirmation plus tard. Je trouve, lorsque l'horreur est sous-entendue, plus difficile que lorsqu'elle est écrite telle qu'elle.

En bref, ce premier tome présente un univers atypique qui semble être une métaphore de la vie, de notre monde et surtout des conséquences de nos actes en tant qu'individu. Je ne peux que vous le recommander. Personnellement, c'est un coup de cœur.


jeudi 23 novembre 2023

Le château des trompe-l'œil de Christophe Bigot

Le château des trompe-l'œil de Christophe Bigot
Auteur : Christophe Bigot
Illustrations de Yohann Propin
Maison d'édition : La martinière
Date de sortie : 26 Août 2022
ISBN : 9791040110422
Pages : 352
Prix : 22,90

Résumé :

1837, baie du Mont Saint-Michel. Le jeune Baptiste Rivière est convoqué au château d’Escreuil pour s’y faire dicter les dernières volontés de la propriétaire des lieux. Mais à son arrivée, le personnel se ligue pour lui interdire l’accès à sa chambre : Langlois, diabolique intendant du domaine, le vieux Simon, qui semble plus qu’un ordinaire jardinier, et même Séverine, la femme de chambre dont Baptiste cherche pourtant à se faire une alliée.

Pourquoi la baronne d’Escreuil se cache-t-elle ? Qui est vraiment cette ancienne comédienne, veuve d’un aristocrate guillotiné sous la Terreur ? Bravant les mises en garde, Baptiste s’aventure dans les plus sombres recoins du domaine. Mais les apparences sont trompeuses, et en cherchant la baronne, c’est sa propre vérité que Baptiste va devoir affronter.

Jouant sur les codes du conte gothique, du roman historique et du récit d’apprentissage pour mieux les subvertir, Le Château des trompe-l’œil offre une plongée vertigineuse et haletante dans les gouffres du passé et de l’âme humaine.

Christophe Bigot est professeur de lettres et écrivain. Son premier roman L'Archange et le procureur, paru chez Gallimard, a reçu cinq récompenses dont le Prix Mottart de l'Académie française. Ses romans explorent sa passion pour la Révolution française et le XIXe siècle.


MON AVIS : Ce roman est sorti lors de la rentrée littéraire 2022. Dès que j'en ai entendu parlé, je voulais le lire. Je me le suis procurée pour mon anniversaire sans une seule hésitation. En plus de l'histoire, l'objet livre est juste sublime. Je suis juste étonnée du choix fait par la maison d'édition maintenant que je l'ai lu. Ça fait vraiment livre young adult alors qu'il n'en est rien dans le contenu. Je vais m'expliquer après.

On suit Baptiste, jeune notaire, chargée de recueillir les dernières volontés de la baronne d'Escreuil au sein de son château. C'est son premier dossier. On sent quelqu'un qui a la volonté de bien présenter et de faire son travail. Il est convaincu de passer peu de temps là-bas sauf que ce n'est pas le cas. C'est même tout le contraire. Notre héros se montre à la fois courageux et un peu peureux et surtout méfiant.

À son arrivée, il rencontre l'intendant, Langlois, un homme froid et inquiétant. Il va interdire à Baptiste l'accès à l'aile du château dans laquelle vit la Baronne. Bien que compréhensif au début, il va se poser beaucoup de questions au fur et à mesure que les jours passent. En attendant, il va faire l'inventaire des œuvres possédées par la baronne. Il va bien essayer d'en apprendre plus auprès de Séverine, la femme de chambre mais il n'osera pas beaucoup.Vous avez compris, on a une ambiance gothique que j'adore.

Dès les premières pages, on se régale de l'inventaire fait par Baptiste. Il mentionne tant de livres méconnus qu'on a envie de faire une liste. On imagine la pièce, le bureau où il se trouve et les étagères. Très vite, on découvre ce qu'il préfère lire : les œuvres licencieuses. Il suffit de voir les quelques noms dont un connu, pour savoir ce dont il est question. Ce n'est pas pour cette raison que je considère que ce livre est pour un public adulte. Il n'y a pas de citation. 

Concernant l'écriture, on est dans un récit d'époque. L'écriture en est empreinte. On y trouve une élégance qu'on ne voit plus en littérature surtout lorsqu'il est question de sensualité. Ça fait un bien fou de lire un roman plein de pudeur. De plus, l'auteur respecte totalement l'histoire. En dehors de la baronne et de son personnel, tous les autres personnages mentionnés de son passé ont réellement existé. C'était si détaillé que j'ai fait quelques recherches après ma lecture. J'étais agréablement surprise et même bien plus que ça.

Explication : notre jeune Baptiste, à force de se voir refuser une rencontre avec la baronne, va mener son enquête. On va apprendre énormément de choses sur la révolution française et la terreur mais du point de vue de la noblesse. Le roman a une autre dimension puisque le personnage principal va évoluer au fil de l'histoire. Je n'en dirai pas plus. Je ne m'attendais pas à ça du tout. Et c'est tant mieux.

En bref, ce roman a été une véritable surprise pour moi. Je savais que j'aimerai mais pas à ce point-là. Pour dire, à la fin, je pensais comme le héros. C'est dire comme on arrive à s'identifier à lui sans s'en apercevoir.

mercredi 30 août 2023

Et si c'était une nuit de Tobie Nathan

Et si c'était une nuit de Tobie Nathan
Auteur : Tobie Nathan
Maison d'édition : Stock
Date de sortie : 23 Août 2023
ISBN : 9782234092082
Pages : 400
Prix : 22

Résumé :
« Cette nuit-là, j’ai fait deux rencontres, une personne, bien réelle,  que j’ai revue par la suite, et une autre, plus floue, dont j’aurais du  mal à parler. Peut-être l’ai-je  seulement rêvée celle-là ? Ces rencontres  ont été si puissantes, se sont révélées  si décisives, qu’elles demeurent  inscrites dans ma mémoire comme des balises,  posées là pour éclairer  mon chemin… »

C’est un vendredi, le 10 mai 1968. Sur sa  mobylette, le jeune  Tobie, maoïste en déshérence, louvoie entre « CRS SS », barricades  et étudiants en colère. Alors que la foule envahit le Quartier latin,  il va à  contre-courant comme il l’a toujours fait, Juif d’Égypte exilé  qui grandit à  Gennevilliers. L’exode a brisé sa mère, son père est  insaisissable et lui est devenu autre, dans une « absolue étrangeté »,  celle de « vivre étranger dans un pays  étrange, étranger à soi-même ».  Reste l’amour pour se rattacher au monde qui va,  l’amour à fleur de  peau et le désir ardent, dans les bras de femmes initiatrices qui  le  ramènent à l’épaisseur de l’existence.
Et si c’était en une nuit que se décidait son destin.

MON AVIS : Comment ne pas être logique? Lire le dernier tome d'une trilogie avant d'avoir, ne serait-ce qu'acheter les tomes précédents. J'ai un peu hésité à le lire mais ma libraire m'a rassuré. On peut lire le livre séparément sans être perdu. Au contraire, ça peut même donner envie de lire les autres. Une seule question s'est posée à la fin de ma lecture: ce livre est-il partiellement autobiographique? J'ai du faire des recherches sur internet. Je n'ai eu ma réponse que par l'auteur lui-même. Oui et non.

Explication. Le personnages principal se prénomme Tobie (comme l'auteur) et fait des études pour être psychanalyste. Ajoutons à cela la période historique et on a le sentiment que nous avons affaire à l'auteur. Cependant, j'en doute. Je pense qu'il s'est basé sur son histoire pour construire ce personnage et apporter une réflexion profonde sur la société et même le monde.

L'histoire commence lors des manifestations de mai 1968. On découvre une ambiance particulière et une société totalement différente de celle que l'on connaît aujourd'hui. Tobie semble ne pas avoir de place particulière même s'il essaie de faire comme si. On découvre les différentes mouvances présentes à l'époque toutes d'extrême gauche. Une nuit, il va rencontrer deux personnes : Zohar et la bédouine. Ces rencontres vont bouleverser sa vie. 

Ce roman est tellement plus vaste que ce que je viens d'écrire. Je ne sais par où commencer. Outre la période de mai 1968, on découvre la vie des juifs d'Egypte obligés de quitter leur pays comme ce fut souvent le cas au cours de l'histoire de par le monde. En parallèle, nous avons des échanges très réfléchi sur les dangers du communisme. La psychanalyse est très présente. Le personnage centrale est perdu et cherche son origine. Ses parents vivent très mal le déracinement. Ça a un impact sur Tobie qui passe son temps à fuir.

J'ai tout de même un reproche à faire mais très nuancé au regard de l'époque. Il y a pas mal de passage très sensuel sans aucune vulgarité. À un moment donné, ça m'a un peu agacé. Je rêve de lire un roman sans aucune scène de sexe. Ici, c'est à oublier. Cependant au regard de l'époque, l'auteur se devait d'aborder ce thème. D'autant plus que Tobie se réfugie dans les bras des femmes qu'il croise.

En bref, j'ai adoré ce roman dense qui aborde tant de faits historiques divers et variés. Quand je commence à lire 150 pages en une fois c'est toujours bon signe. J'ai ressenti la rapidité de l'enchaînement des évènements et la recherche d'identité du héros. Zohar est un personnage charismatique que je prendrai plaisir à découvrir dans les tomes précédents.

mercredi 1 mars 2023

Paresse pour tous de Hadrien Klent

Paresse pour tous de Hadrien Klent
Auteur : Hadrien Klent
Maison d'édition : Le tripode
Date de sortie : 6 mai 2021
ISBN : 9782370552693
Pages : 360
Prix : 19

Résumé : Et si on ne travaillait plus que trois heures par jour ? Telle est la proposition iconoclaste d’Émilien Long, prix Nobel d’économie français, dans son essai Le Droit à la paresse au XXIesiècle. Très vite le débat public s’enflamme autour de cette idée, portée par la renommée de l’auteur et la rigueur de ses analyses. Et si un autre monde était possible ? Débordé par le succès de son livre, poussé par ses amis, Émilien Long se jette à l’eau : il sera le candidat de la paresse à l’élection présidentielle. Entouré d’une équipe improbable, il va mener une campagne ne ressemblant à aucune autre. Avec un but simple : faire changer la société, sortir d’un productivisme morbide pour redécouvrir le bonheur de vivre.

Roman porté par une érudition joyeuse et un regard taquin sur nos choix de vie, Paresse pour tous imagine un pays qui renverse ses priorités et prend le temps d’exister. Après La Grande Panne (Le Tripode, 2016), récit visionnaire d’une France qui se retrouve à l’arrêt, Hadrien Klent offre cette fois-­ci le portrait d’une France qui se remet en marche, mais pas vraiment comme certains le voudraient.

« En 2008, on devait surmonter la crise des subprimes. Aujourd’hui, celle du coronavirus. ­Demain, ce sera quoi ? Le réchauffement climatique ? La conquête de Mars ? À chaque fois, le libéralisme triomphant propose qu’on souffre encore plus ! Qu’on se sacrifie pour sauver un système qui est pourtant absurde. Qu’on nourrisse un monstre incontrôlable et incontrôlé. Moi je propose le contraire. Qu’on inverse la place du travail et du temps libre. Qu’on interroge notre place dans la marche du monde. Je suis la voix de ceux qui veulent que la vie ne se résume pas au travail, à la croissance, à la consommation. »  
Émilien Long


MON AVIS : J'adore le titre de ce livre. Rien que pour ça je pensais l'acheter mais il faut savoir être raisonnable. Le résumé a achevé de me convaincre. Sous cet air drôle, ce livre n'en reste pas moins très intéressant et nous donne à réfléchir. Je l'ai lu au moment des dernières élections. Je trouvais ça drôle de le sortir de ma PAL à ce moment là. Encore plus au regard de certaines choses que j'ai pu entendre dans le débat.

On suit un économiste un peu flemmard qui va rencontrer le succès suite à la sortie de son dernier livre consacré à la paresse. Sauf que cela tombe peu de temps avant les dites élections. Lui qui ne voulait que proposer une autre façon de vivre se retrouve dépassé par les évènements. Il finira par se présenter aux élections sans penser un seul instant pouvoir gagner.

Emilien Long, notre économiste, est à l'opposé de ce que la société attend du citoyen lambda. Il est un peu un anti-héro. Il est lent et flemmard, divorcé et un peu à côté de ses pompes. En tout cas, il en donne l'impression. On sent beaucoup de calme et d'humilité. 
 
J'ai adoré l'idée de ce livre. L'auteur va au bout de son idée et de sa réflexion. Pour sa campagne, Emilien Long va faire campagne d'une manière tellement originale que si ça se passait dans la vraie vie, je pense que beaucoup de gens s'y intéresseraient. Et surtout, le logo choisit est juste génial. J'aurai adoré avoir le t-shirt😁.

Il y a tellement de choses à dire mais je préfère vous laisser l'effet de surprise. Je m'attendais à rire et j'ai ri mais pas pour les raisons que je croyais. Le raisonnement est presque infaillible. Certaines scènes sont jouissives (je pense au débat entre la première ministre et l'économiste). Rien que ça me fait sourire. Et surtout c'est tellement plus proche du citoyen lambda.

En bref, ce roman est une réussite que je relierai pour l'humour et pour le raisonnement si simple et intelligent de l'auteur. Je pense que tôt ou tard, je me procurerai le précédent par curiosité.

mercredi 15 février 2023

Le voyant d'étampes de Abel Quentin

Le voyant d'étampes de Abel Quentin
Auteur : Abel Quentin
Maison d'édition : L'observatoire
Date de sortie : 18 Août 2021
ISBN : 979-10-329-0929-4
Pages : 384
Prix : 20 (existe en poche)

Résumé :

« J’allais conjurer le sort, le mauvais œil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d’Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J’allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. »

Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l’écriture d’un livre pour se remettre en selle : Le voyant d’Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l’Essonne, au début des années 60.

A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ?

Abel Quentin raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d’une génération.


MON AVIS : L'histoire de ce livre est dingue. Je commencerai par dire merci à ma libraire adorée de me l'avoir recommandé suite à une discussion (comme quoi, toujours prendre le temps d'échanger avec son libraire) et à mon frère de me l'avoir offert. Je l'ai lu, une fois de plus, il y a pas mal de temps (oui j'ai beaucoup de retard 😅). 
 
On suit un universitaire qui décide de reprendre un projet abandonné portant le titre de ce roman. Il s'agit d'un essai consacré à un poète disparu qu'il admire. Tout ça peut paraître innocent mais pour un mot, Jean Roscoff va se retrouver avec de gros problèmes. C'est d'autant plus stupide qu'il fait l'éloge de ce poète.

Notre personnage principal est le anti-héros par excellence. Son cynisme est juste incroyable. Rien que ça j'ai adoré. Il a beaucoup de défauts et ça le rend tellement humain. J'ai l'impression qu'il est un grand nostalgique de ses années étudiantes vu le nombre de fois dont il en parle. Il est du genre aussi à partir au quart de tour mais fait preuve de beaucoup d'autodérision. 

On rencontre d'autres personnages dont Léonie, sa fille. Elle est sûrement la seule à essayer de faire au mieux entre les différents interlocuteurs et d'unir tout le monde. Elle a le cœur sur la main et fait preuve d'ouverture d'esprit. Elle a une petite amie, Jeanne. Ce personnage est une extrémiste sur beaucoup de niveau et l'exact opposé de Jean. Autant vous dire que leur rencontre est explosive.

L'auteur a fait un choix judicieux en choisissant l'humour au regard des thèmes de société abordés. Il ose confronter le lecteur aux problématiques de la bien-pensance, aux incohérences du monde mais aussi à la problématique des réseaux sociaux. Je ne sais combien de post-it j'ai mis dans ce roman. Les réflexions de Jean sont mordantes et très justes. La raison du scandale est juste hallucinante...Et Jean ne comprend pas non plus. Il est dépassé par les évènements mais aussi par les nouvelles technologies.

"l’injure est entrée dans les mœurs. L’injure est devenue un mode d’expression. Elle a empoisonné toute la société."

En bref, je n'ose en dire plus, préférant vous laisser découvrir ce roman plein de cynismes et de mordants. Il vous poussera à réfléchir au fonctionnement de notre société proclamant la bienpensance au-delà de la réflexion.

mardi 24 janvier 2023

Le bord du monde est verticale de Simon Parcot

Le bord du monde est verticale de Simon Parcot
Auteur : Simon Parcot
Maison d'édition : le mot et le reste
Date de sortie : 25 Août 2022
ISBN : 9782384310272
Pages : 160
Prix : 18

Résumé : Au coeur de la Vallée des glaces, une cordée de deux chiens (Moïra, Zéphyr), une femme (Ysé) et trois hommes (Gaspard, Solal et Vik) affronte une tempête de neige pour rejoindre le Reculoir, l’ultime hameau avant le Bord du monde, cette gigantesque montagne dont nul n’a pu voir le sommet. Initialement dépêchée pour une mission de routine, l’équipée découvre que son chef a un autre dessein. Embrasé par le prêche du Père Salomon, un mystique abreuvé de  brûle-gorge qui dit connaître le moyen de s’élever jusqu’au sommet de la montagne, Gaspard a décidé de tenter la grande Ascension. Fraîchement recruté, le jeune Solal devra suivre son mentor dans sa quête d’absolu ou écrire son propre destin.

MON AVIS : Je découvre enfin cette maison d'édition qui me fait de l'œil depuis que ma libraire l'a mise en avant. J'en ai acheté d'autres avant celui-ci mais c'est le premier que j'ai lu suite au coup de cœur de ma libraire.

Le résumé m'a rappelé "la horde du contrevent". Il est question d'un groupe affrontant une tempête de neige pour rejoindre un hameau en passant par la montagne sans technologie. C'est le seul point commun. Ce roman court est très bien écrit. On s'y sent bien. Il y a même une scène qui m'a rappelé certaines que j'ai pu lire dans des romans de fantaisie. Ça donne le sourire.

L'écriture de l'auteur est agréable voguant entre réflexion et poésie. Gaspard décide en effet de réunir son groupe pour venir en aide en urgence à son ami prêtre. Ce que les autres ne savent pas, c'est que cet ami a une idée à lui soumettre pour réaliser son rêve : atteindre le sommet du bord du monde. Il est décidé et demande à Solal, dernier arrivé dans le groupe de l'accompagner.

Solal semble être quelqu'un de réfléchi et un grand lecteur. On l'apprécie tout de suite. Ce roman est très fluide et prend de l'ampleur à chaque page. Lorsque Gaspard et Solal partent ensemble, le livre prend une dimension un peu différente. J'y ai vu une métaphore de la vie jusqu'à la mort. À moins que ce ne soit juste l'impossibilité de savoir ce qu'il peut se passer une fois son objectif atteint.

En bref, j'ai adoré ce texte entre poésie et philosophie pas moralisatrice du tout. Les personnages accompagnent les paysages sublimes. C'est un tout. Rien n'existe sans ce tout. Je le relirai. C'est sûr.