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vendredi 20 septembre 2024

La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot

La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot
Auteur : Panayotis Pascat
Maison d'édition : Stock
Date de sortie : 23 Août 2023
ISBN : 9782234092525
Pages : 240
Prix : 19,50 (existe en poche)

Résumé : « Ce livre me fait peur. Le processus a été douloureux. Mon père nous  a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire.  Trois années au peigne  fin, mes relations, mes pensées paranoïaques,  mon rapport étrange à lui, crachés  sur le papier. Je me suis donné  pour but de le tuer avant qu’il ne meure.  C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père,  finalement ça revient au même. »

MON AVIS : Je ne sais pas comment vous parler de ce roman. Tout ce qui me vient à l'esprit, c'est que je l'ai lu en une fois et que j'ai fini "sur les genoux". C'est l'expression que j'utilise à chaque fois que j'y pense. Je suis restée assise dans mon canapé figée sur place après avoir posé mon livre. Ça vous donne une idée. Pour couronner le tout, j'ai frôlé la panne de lecture dans les jours qui ont suivi.

C'est le genre de livre que vous ne jugerez pas sur la forme. Seul le fond comptera et l'émotion qui en ressort. J'avoue pour une fois avoir regardé quelques avis sur Babelio pour essayer de mettre de l'ordre et de prendre surtout conscience de ce que j'ai lu. Ce qui en ressort, c'est que tout le monde en est ressorti bouleversé ou autre. Peu importe le mot. Personne n'en sort indifférent. Alors comment en parler?

Ce livre est le journal intime de l'auteur qu'il a écrit après que son père lui ai annoncé sa mort prochaine. Il retrace son parcours sans aucune censure. Il aborde principalement trois thèmes : le rapport au père, la dépression et l'acceptation de son homosexualité. L'auteur est sans concession et fait preuve d'une vérité sans violence envers lui-même. Il montre qu'il est un être humain avec ses qualités et ses défauts, même s'il se penche plus sur ses derniers. 

Honnêtement, il écrit des choses que je n'aurai jamais accepté de lire. Pourtant, même si l'écriture est très explicite, ça ne m'a pas dérangé puisque les descriptions sont importantes pour comprendre la lutte intérieure. Il y a quelque chose qu'on ne trouve pas habituellement dans les livres. J'ai utilisé le mot "vérité" mais c'est plus que ça. Au fil des pages, on suit sa descente aux enfers. On la voit venir mais lui non. Et c'est parfaitement retranscrit. Je pense notamment à la crise d'angoisse. Ça a tellement résonné en moi.

Concernant la plume, elle n'est pas parfaite mais le but est de faire un travail sur soi, de comprendre ce qu'on a refusé de voir ou de prendre conscience. Certains pourraient reprocher le manque de chronologie. Personnellement, ça ne m'a pas gêné. Si l'éditeur avait retravaillé la chronologie ou touché trop au style, on aurait perdu l'essence même de ce texte. L'impact n'aurait pas été le même. Pour moi, le texte est parfait tel qu'il est.

En bref, je ne sais pas si j'ai réussi à vous donner envie de le lire ni si j'ai bien retranscrit l'émotion qu'il a suscité pour moi. Je me contenterai de vous recommander de le lire que vous connaissiez ou non l'auteur.

mercredi 30 août 2023

Et si c'était une nuit de Tobie Nathan

Et si c'était une nuit de Tobie Nathan
Auteur : Tobie Nathan
Maison d'édition : Stock
Date de sortie : 23 Août 2023
ISBN : 9782234092082
Pages : 400
Prix : 22

Résumé :
« Cette nuit-là, j’ai fait deux rencontres, une personne, bien réelle,  que j’ai revue par la suite, et une autre, plus floue, dont j’aurais du  mal à parler. Peut-être l’ai-je  seulement rêvée celle-là ? Ces rencontres  ont été si puissantes, se sont révélées  si décisives, qu’elles demeurent  inscrites dans ma mémoire comme des balises,  posées là pour éclairer  mon chemin… »

C’est un vendredi, le 10 mai 1968. Sur sa  mobylette, le jeune  Tobie, maoïste en déshérence, louvoie entre « CRS SS », barricades  et étudiants en colère. Alors que la foule envahit le Quartier latin,  il va à  contre-courant comme il l’a toujours fait, Juif d’Égypte exilé  qui grandit à  Gennevilliers. L’exode a brisé sa mère, son père est  insaisissable et lui est devenu autre, dans une « absolue étrangeté »,  celle de « vivre étranger dans un pays  étrange, étranger à soi-même ».  Reste l’amour pour se rattacher au monde qui va,  l’amour à fleur de  peau et le désir ardent, dans les bras de femmes initiatrices qui  le  ramènent à l’épaisseur de l’existence.
Et si c’était en une nuit que se décidait son destin.

MON AVIS : Comment ne pas être logique? Lire le dernier tome d'une trilogie avant d'avoir, ne serait-ce qu'acheter les tomes précédents. J'ai un peu hésité à le lire mais ma libraire m'a rassuré. On peut lire le livre séparément sans être perdu. Au contraire, ça peut même donner envie de lire les autres. Une seule question s'est posée à la fin de ma lecture: ce livre est-il partiellement autobiographique? J'ai du faire des recherches sur internet. Je n'ai eu ma réponse que par l'auteur lui-même. Oui et non.

Explication. Le personnages principal se prénomme Tobie (comme l'auteur) et fait des études pour être psychanalyste. Ajoutons à cela la période historique et on a le sentiment que nous avons affaire à l'auteur. Cependant, j'en doute. Je pense qu'il s'est basé sur son histoire pour construire ce personnage et apporter une réflexion profonde sur la société et même le monde.

L'histoire commence lors des manifestations de mai 1968. On découvre une ambiance particulière et une société totalement différente de celle que l'on connaît aujourd'hui. Tobie semble ne pas avoir de place particulière même s'il essaie de faire comme si. On découvre les différentes mouvances présentes à l'époque toutes d'extrême gauche. Une nuit, il va rencontrer deux personnes : Zohar et la bédouine. Ces rencontres vont bouleverser sa vie. 

Ce roman est tellement plus vaste que ce que je viens d'écrire. Je ne sais par où commencer. Outre la période de mai 1968, on découvre la vie des juifs d'Egypte obligés de quitter leur pays comme ce fut souvent le cas au cours de l'histoire de par le monde. En parallèle, nous avons des échanges très réfléchi sur les dangers du communisme. La psychanalyse est très présente. Le personnage centrale est perdu et cherche son origine. Ses parents vivent très mal le déracinement. Ça a un impact sur Tobie qui passe son temps à fuir.

J'ai tout de même un reproche à faire mais très nuancé au regard de l'époque. Il y a pas mal de passage très sensuel sans aucune vulgarité. À un moment donné, ça m'a un peu agacé. Je rêve de lire un roman sans aucune scène de sexe. Ici, c'est à oublier. Cependant au regard de l'époque, l'auteur se devait d'aborder ce thème. D'autant plus que Tobie se réfugie dans les bras des femmes qu'il croise.

En bref, j'ai adoré ce roman dense qui aborde tant de faits historiques divers et variés. Quand je commence à lire 150 pages en une fois c'est toujours bon signe. J'ai ressenti la rapidité de l'enchaînement des évènements et la recherche d'identité du héros. Zohar est un personnage charismatique que je prendrai plaisir à découvrir dans les tomes précédents.

vendredi 24 février 2017

Le bureau des jardins et des étangs de Didier Decoin

Le bureau des jardins et des étangs
Auteur : Didier Decoin
Maison d'édition : Stock
Date de sortie : 2 janvier 2017
ISBN : 9782234074750
Pages : 396

Résumé :
Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa.
Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
 MON AVIS : J'ai craqué pour ce livre rien qu'à la couverture. En lisant le résumé, j'ai été emballé et je l'ai acheté. Vous ais-je déjà  dit à quel point je me méfiais des auteurs français qui écrivent sur l'Asie? Et bien, si cela continue, je vais changer d'avis. 
Avec ce roman, je me suis vidée la tête complètement. J'ai oublié le monde dans lequel je vis et me suis retrouvée au Japon de l'époque Heian. J'ai suivi la vie de Miyuki comme si j'y étais. Ce n'est pas comme si je regardais un film. J'ai vraiment eu le sentiment d'y être. Je n'ai jamais eu cette impression aussi forte. J'ai vu une fresque défiée sous mes yeux. Aussi surprenant que cela puisse paraitre est que lorsque j'aurais  du ressentir de la tristesse ou de la révolte, je ne l'ai pas ressenti tant ce roman est apaisant et écrit avec beaucoup de recul, de retenu. Bref, on est au Japon. 

Que dire de l'écriture de Didier Decoin? Elle est très belle. Elle m'a rappelé l'écriture d'auteurs asiatiques et c'est un compliment. En parallèle de cette lecture, je lis "notes de chevet" de Sei Shonagon qui a vécu à cette époque. Sans le savoir, j'ai fait le lien entre ces romans. C'est dire la qualité de ce roman. On y trouve la poésie dont les japonais sont capables, la sensualité pleine de pudeur, ces peintures qu'ils dépeignent dans son écriture même si parfois j'avoue qu'à la fin du paragraphe, je voyais une métaphore qui me surprenait mais c'est rare. Tout le paradoxe du Japon. Autres choses, moi, la passionnée de culture asiatique que je suis, j'ai appris des choses sur des traditions  ou des légendes de cette époque.

Concernant les personnages, je n'ai pas grand chose à dire. La question n'est pas de les aimer ou non mais juste de les accepter comme ils sont. Peu importe leur qualité et leur défaut, ils sont humains avant tout. Je pense que c'est que l'on doit retenir. Il n'y a pas de héros ou héroïne. Juste des êtres humains dont les chemins se croisent.

Alors me direz-vous, pourquoi ne pas mettre un coup de cœur à ce roman? Parce qu'il mérite plutôt une mention spéciale. Je ne sais pas encore comment nommer cette catégorie. Je cherche mais ne trouve pas. Si vous avez une idée, n'hésitez pas.

En bref, c'est une lecture que je vous recommande que vous soyez ou non passionnés de culture asiatique. Si vous voulez voyager dans le temps, vous couper du monde et rester encore un peu à l'écart suite à votre lecture, foncez. Vous aimerez.