mercredi 18 juin 2025

Bienvenue à la librairie Hyunam de Hwang Bo-Reum

Bienvenue à la librairie Hyunam de Hwang Bo-Reum
Autrice : Hwang Bo-Reum
Maison d'édition : Picquier
Date de sortie : Août 2024
ISBN : 978-2-8097-1675-7
Pages : 360
Prix : 22

Résumé : Quand certains ont imaginé le paradis comme une bibliothèque, d’autres choisiront sans hésiter une librairie. En garnissant les rayonnages de sa nouvelle librairie, Yeong-ju y met tout son cœur, comme si elle essayait, avec les livres, de renouer avec une amie perdue de vue depuis sa jeunesse. Elle répond aux demandes des lecteurs, même les plus surprenantes, elle cherche un livre pour dégeler le cœur et glisse parfois dans les volumes de petites notes de la taille d’une paume, qu’elle conclut par « ce roman m’a donné ce plaisir ».

Elle découvre aussi le plaisir d’organiser des rencontres avec des écrivains, d’animer un club de lecture, d’accueillir un atelier d’écriture, de conseiller des livres avec la joie d’éteindre souvent des chagrins avec une heure de lecture. La librairie devient rapidement le cœur battant du petit quartier de Hyunam où se nouent des amitiés, des interrogations sincères sur le sens de la vie et le pouvoir des livres.

Il y a à ses côtés le barista Min-jun, qui trie les grains de café comme les mauvaises pensées, Jimi la torréfactrice passionnée, sans compter les habitués qui ont élu domicile parmi les livres, comme Jeong-seo qui tricote des éponges en forme de pain de mie entre les bibliothèques.

Une belle déclaration d’amour à la librairie.


MON AVIS : Ma pauvre libraire n'a pas eu le temps de le mettre en rayon. Je l'ai réservé dès que j'ai su qu'elle l'avait reçu. Je savais que j'aimerai ce livre mais pas à ce point-là. En même temps, rien qu'en voyant le titre du livre, on sait déjà ce qu'on va lire mais c'est tellement plus que ça. Lorsqu'un passage me plaît particulièrement, je mets des post-it. Pour celui-ci, j'en aurai mis partout.

On suit Yeong-ju, une jeune femme qui tient une librairie. Les débuts ont été compliqué. Elle a embauché un barista Min-jun qui a trente ans. On imagine une librairie chaleureuse dans laquelle les clients deviennent vite des habitués, un endroit qui permet d'appuyer sur pause. Et ça fait du bien. On suit essentiellement la libraire mais certains chapitres sont écrits du point de vue d'autres personnages. Celui de Min-jun m'a beaucoup parlé.

Ce roman est un hymne aux librairies. L'autrice y aborde beaucoup de choses sur la vie en librairie mais également les difficultés qu'elles rencontrent. Celle dont il est question ici se trouve dans un quartier calme et éloigné du centre ville. J'ai le souvenir d'un extrait parlant des influenceurs littéraires que je trouve intéressant. Forcément, l'autrice distille des références littéraires dont deux totalement fictives. Elles sont recensées à la fin du livre.

D'autres personnages apparaissent au fil des pages. La toréfactrice Jimi nous apprend énormément sur le café. Jeong-Seo, une jeune femme atypique, tricote des éponges. On apprend à les connaître au fil des pages. Il y a également un adolescent que j'ai apprécié. Il est exemple typique de la personne perdue qui va découvrir un monde grâce à la librairie.

En bref, je pourrai probablement en écrire plus tant il y a de sujets abordés. Je retiendrai un livre magnifique qui permet aux lecteurs de prendre une pause au sens propre du terme. Je ne peux que le recommander aux amoureux des livres et encore plus à ceux qui soutiennent les libraires indépendantes.


vendredi 13 juin 2025

Coffret Au cœur du Yamato de Aki Shimazaki

Coffret Au cœur du Yamato de Aki Shimazaki
Autrice : Aki Shimazaki
Maison d'édition : Acte Sud
Date de sortie : Novembre 2017
ISBN : 978-2-330-08737-1
Pages : 656
Prix : 35,90

Résumé : Après l’immense succès du cycle “Le Poids des secrets”, Aki Shimazaki en a achevé un deuxième, ici proposé dans son intégralité : intitulé “Au cœur du Yamato”, il est composé des romans “Mitsuba”, “Zakuro”, “Tonbo”, “Tsukushi” et “Yamabuki” qui peuvent se lire indépendamment ou dans l’ordre que l’on voudra. On y retrouvera l’écriture discrète, élégante et pleine d’empathie qu’on lui connaît.

MON AVIS : Je découvre enfin cette autrice japonaise dont j'ai tant entendue parler. J'ai même honte d'avoir tardé au point que ma libraire en ait lu avant moi. Ce coffret contient cinq romans qui font environ 120 pages chacun. C'est le premier avantage. Le second est que l'on n'est pas obligé de les lire dans l'ordre et qu'ils sont indépendant les uns des autres (pour cette saga).

Le point commun de cette série est que tous les personnages font parti de la compagnie Goshima. On y trouve plusieurs générations et surtout des histoires qui se croisent. La plume de l'autrice est claire et nette, sans fioriture et surtout tout en pudeur comme on l'attend des auteurs japonais. Je suis toujours épatée par leur capacité à écrire des choses simples en utilisant les bons mots avec cette ambiance si particulière.

Je ne ferai pas d'avis par romans volontairement. Il est si facile d'en dire trop. On peut se contenter d'un seul roman si on le souhaite mais je pense que vous passeriez à côté de quelque chose. En ayant lu le dernier livre, j'avais le sentiment d'avoir réellement terminé l'histoire. La principale raison est sûrement le fait qu'on retrouve certains personnages dans les autres livres. De plus, deux romans se répondent si je peux m'exprimer ainsi sans rien spoiler.

Parce que rien n'est parfait, je vous préciserai que l'un de ces livres m'a un peu ennuyer parce que j'avais la référence mentionné dès le début. Rien qu'avec ça, j'avais une assez bonne idée de la suite du livre et comme je l'imaginais, les choses se sont passées à peu près comme prévu. J'avais juste oublié un détail lu dans un autre tome.

Concernant les thèmes abordés, vous trouverez les questions typiquement japonaise (bien que de par mon vécu, j'ai tendance à penser qu'il est universel). Qu'est-on prêt à sacrifier pour son travail? Le passé a-t-il une incidence sur le présent? Les liens familiaux et les secrets de famille, les influences extérieures et de la société, le poids du regard des autres, les apparences plus fortes que soi. Et je pourrai probablement en dire plus. J'ajouterai que la grande histoire rencontre la petite.

En bref, j'ai beaucoup apprécié cette série et ces personnages. Le regard de l'autrice sur la société japonaise et son histoire est très précis. J'ai d'ailleurs beaucoup appris sur l'un des romans. J'étais effarée. je ne le mets pas en coup de cœur pour la légère déception sur l'un d'entre eux mais pour les autres, je me suis laissée porter.

mercredi 11 juin 2025

La Demeure des Mah-Haut-Rels de Siècle Vaëlban et Anouck Faure

La Demeure des Mah-Haut-Rels de Siècle Vaëlban et Anouck Faure
Autrice : Siècle Vaëlban
Illustratrice : Anouck Faure
Maison d'édition : Le lotus et l'éléphant
Date de sortie : 4 Novembre 2024
ISBN : 9782019327804
Pages : 360
Prix : 24,95

Résumé : « Quand on a trop perdu et qu’on est vide, certaines espérances sont tellement fortes qu’elles nous emplissent tout entier de promesses. »

Les continents ont disparu, il n’y a plus de terres. Seuls le ciel et l’eau coexistent encore, formant un monde fluctuant aux perspectives infinies.
Les dernières communautés survivent à bord de dirigeables ou de radeaux-villes, subissant les caprices des vents et de l’océan. Du passé, il ne reste que les histoires des Seigneurs, les élus de ce monde à la dérive, ceux qui portent la mémoire du Temps d’Avant.
Regard est l’un de ces Seigneurs. Conteur émérite, il aspire à écrire l’ultime histoire, celle qui modèlera le monde à son image. Mais voilà que la tempête se lève et que sa barque est emportée par les flots noirs. Isolé au milieu de l’océan, furieux et impuissant, Regard attend la mort.
Il fait alors une rencontre improbable : un radeau dirigé par deux enfants qui se sont enfuis à la recherche d’une île légendaire, la dernière terre émergée du monde…À la frontière du conte philosophique et du roman imaginaire, La Demeure des Mah-Haut-Rels est le récit poignant de trois personnages prêts à tous les sacrifices pour accomplir leur destinée.

MON AVIS : Commençons par l'objet livre. Il est juste sublime, parsemé d'illustrations de Anouck Faure magnifique à l'image de la couverture. J'ai mis du temps avant de me décider à l'acheter. Je ne sais pas pourquoi. On suit un conteur qui part à la recherche de la demeure des Mah-Haut-Rel. Au cours de son voyage, il va rencontrer deux personnes, Reine et Venise. Ces derniers vont le baptiser Regard.
 
On découvre un univers coupé en communauté. Regard fait parti des seigneurs, Reine de la communauté de l'eau et Venise de la communauté des dirigeables. Volontairement, je ne dirai pas grand chose concernant les deux derniers personnages. Ils sont une bouffé d'air frais et ont leur importance. Leurs histoires respectives sont touchantes et vont parler à tout le monde. Ils vont amener une autre manière de penser à Regard.

Regard est quelqu'un de très réfléchi mais surtout auto centré convaincu de tout savoir. Cette rencontre va l'amener à remettre beaucoup de choses en questions. Ce roman est vraiment une aventure et une discussion philosophique accessible à tout le monde. Pour ceux qui auraient peur de cet aspect, n'ayez pas peur. C'est vraiment simple. C'est plus dans l'optique de pousser le lecteur à se remettre en question.

En bref, j'ai été agréablement surprise par ce roman que je relirai avec plaisir. Non seulement pour les yeux mais aussi pour le contenu. La plume est très belle et le propos des plus justes. Je vous recommande ce roman vraiment très beau.

vendredi 6 juin 2025

Jeff Satur


Bonjour,

ça fait longtemps que je ne vous ai pas parlé musique. Jusqu'à maintenant, je me suis attardée sur des artistes coréens. Aujourd'hui, je vous présente un artiste thaïlandais : Jeff Satur. Il a trente ans. Il est une véritable star dans son pays. Il n'est pas seulement chanteur mais aussi un excellent acteur. Rien que de penser à la prochaine série dans laquelle il sera...J'ai hâte. C'est l'occasion de vous mettre le pilote de cette série.


Mais, c'est de sa casquette de chanteur dont je veux vous parler. Je ne sais plus avec quelle chanson je l'ai découvert. J'aime presque tout ce qu'il a fait même les OST de série comme pour "Happy Ending". Il y a un titre que je peux écouter en boucle et me bouleverse à chaque fois. C'est l'ost d'une série que je n'ai pas vu. Comme je suis sympa, je vous mets la version anglais :

Sinon, si vous cherchez quelque chose de plus énergique, je peux vous en proposer une autre qui me parle beaucoup. Une bonne critique de la société des apparences entre autre. Elle est également en anglais.


Et vous devez penser qu'il chante en anglais mais non. Il chante le plus souvent en thaïlandais mais il adapte certaines chansons en anglais et/ou chinois. Il est impressionnant en live. Je l'ai entendu récemment faire vocalement le son d'une guitare électrique...


mercredi 4 juin 2025

Sasaki & Miyano tome 1 à 4 de Shou Harusono

Sasaki & Miyano tome 1 et 2 de Shou Harusono

Sasaki & Miyano tome 1 et 2 de Shou Harusono
Mangaka : Shou Harusono
Maison d'édition : Akata
Prix : 7,95

Résumé :

Miyano est un lycéen fan de mangas  boy’s love. Et surtout, il est très complexé par son visage aux traits efféminés. Mais un jour, alors qu’il assiste à une bagarre, un de ses aînés intervient pour éviter que la situation ne tourne au vinaigre. Ce dernier, prénommé Sasaki, commence très vite à éprouver de l’affection pour son camarade. Cherchant à le comprendre et à le connaître, il découvre l’intérêt que Miyano porte pour les mangas  boy’s love... Sans préjugé, il va alors également commencer à essayer d’en lire. Et si c’était le début d’une belle histoire d’amour ?


MON AVIS : J'ai beaucoup vu passer ce titre que ce soit sur les réseaux sociaux ou en librairie. Je n'ai pas voulu tenter une énième série mais mon regard s'est attardé sur ce titre. J'ai une total confiance aux éditions Akata. J'avais droit à un bon de réduction. J'ai donc choisi ce titre pour voir et j'ai compris son succès.

On suit Miyano, un lycéen fan de boy's love. Il assiste à une bagarre lors de laquelle un de ses ainés, Sasaki, intervient. Sasaki va découvrir la passion de Miyano alors que ce dernier en a honte. C'est par ce biais qu'ils vont apprendre à se connaître.

Ce titre joue sur les clichés des mangas de ce genre. Ça fait sourire voir rire. La personnalité de Miyano est drôle. Il a constamment peur que les autres découvrent sa passion pour les boy's love et ne peut s'empêcher d'analyser le comportement de Sasaki envers lui par moment. Il a un côté un peu parano. Paradoxalement, certaines scènes qu'on a tous déjà lu dans des shojo ne font pas réagir Miyano. 
 
On reste dans un boy's love donc forcément leur relation va évoluer. C'est très lent et mignon. Si vous cherchez un titre explicite, oubliez tout de suite. Vous serez déçus. Personnellement, j'aime beaucoup. Ils sont parfois maladroits, timides mais ils sont aussi attentifs à l'autre. 

En bref, j'ai beaucoup aimé ce titre. Je regrette de ne pas avoir découvert ce titre plus tôt. D'autant qu'on va suivre également un autre binôme apparemment (Hirano et son colocataire). Je suivrai Miyano & Sasaki avec plaisir.

mercredi 28 mai 2025

Second souffle de Arthur Scanu

Second souffle de Arthur Scanu
Poète : Arthur Scanu
Maison d'édition : Bruno Doucey
Date de sortie : 7 février 2025
ISBN : 978-2-36229-518-8
Pages : 80
Prix : 14

Résumé :

« Venez tous près de moi pour qu’on se constitue ensemble un corps capable de survivre encore un peu. » Ces mots si forts ne sont pas ceux d’un homme parvenu au terme de son parcours, mais ceux d’un jeune poète qui confie au langage le soin de gouverner son cœur. Un père atteint d’une pathologie respiratoire chronique, des patients qui ont besoin de mettre des mots sur la souffrance, des médecins qui les aident à se battre... Il n’en fallait pas davantage à Arthur Scanu pour entrer dans la rédaction d’un texte qui substitue le souffle de la poésie à l’oxygène qui se raréfie dans des poumons obstrués. Des mots contre les maux, une infime douceur face à la douleur, une sensibilité à fleur de peau pour apaiser, soulager et peut-être guérir. Jamais poème n’a si bien chanté la vie, ce miracle fragile.

MON AVIS : Vous connaissez mon amour pour cette maison d'édition. Je sais quand même être raisonnable. Ce titre m'a interpellé. Je feuillette toujours en lisant une page au hasard. Celui-ci fait parti de ces recueils qu'on lit au bon moment. Information importante avant de vous en parler plus : ce recueil a été une première fois publié dans le cadre d'une association. La postface m'a beaucoup touché comprenant parfaitement ce silence dont il est question. Je vais vous expliquer pourquoi.
 
Ce recueil exprime un espoir, quelque chose de lumineux. Pourtant, par certains poèmes, on comprend que le poète est en situation de handicap. Il n'en donne pas le nom et c'est une bonne chose. Ça permet au lecteur de s'identifier ou de se mettre à sa place. C'est ce qui m'a le plus touché dans ce recueil. On oscille entre cette lumière, ce calme et cette lenteur qui fait du bien. On nous ramène à l'essentiel. D'autres poèmes mettent en avant les véritables pensées d'une personne en situation de handicap, ce qu'elle tait à tout le monde. Cet envers du décors, je le comprends tellement...
 
Je manque de mots face à ce recueil parce que je comprends parfaitement ce qui se cache derrière certains mots ou certaines phrases. J'aimerai tellement qu'on parle plus de ce recueil à tout le monde afin que les personnes en parfaite santé puissent comprendre. Même si j'ai bien conscience que tant qu'on ne vit pas ce que l'autre vit, on ne pourra jamais comprendre. Par contre, on peut essayer de faire preuve d'empathie. C'est pourquoi, au lieu d'expliquer, on finit par se taire...Ou ici, par écrire.
 
En bref, ce recueil a frappé fort comme souvent avec cet éditeur. Je ne savais pas qu'il était question notamment de handicap mais c'est tant mieux. Un seul mot : merci. 

"Au fond, toute poésie est thérapeutique. Et ce qu'elle soigne, c'est la solitude vertigineuse de la conscience au contact du réel indifférent et froid. Elle est une chaleur, une présence véritable, une intimité qui émerge pour qui veut la saisir."

vendredi 23 mai 2025

La vie fragile de Louise Pommeret

La vie fragile de Louise Pommeret
Autrice : Louise Pommeret
Illustratrice : Virginie Billaudeau
Maison d'édition : Chemin de fer
Date de sortie : Mars 2025
ISBN : 978-2-490356-52-2
Pages : 136
Prix : 16

Résumé : "J’ai poussé près de la maison, trop près peut-être ; était-ce par instinct de survie, mais mes branches du côté de l’habitation se sont moins déployées que les autres. Je ne voulais pas leur rappeler que j’étais près, trop près. Nous avons vécu à bonne distance, ainsi nous nous sommes épargnés. Comment ont-ils construit la maison, dis-tu ? Mais comme toutes les maisons. Il y a eu des hommes, des hommes avec des pierres pour élever des murs."

La vie fragile c’est l’histoire d’une maison à la veille de sa destruction racontée par les êtres qui la peuplent depuis l’origine, animaux, végétaux et minéraux. Eux seuls connaissent les rires et les peines de ceux qui ont construit, qui ont vécu dans ce lieu aujourd’hui condamné.
Une femme passe une dernière nuit dans cette maison qui sera rasée le lendemain par un chantier autoroutier.
Les voix humaines se sont tues depuis longtemps. L’heure est venue d’en entendre d’autres. Celles qui ont fait le lieu, qui ont vu la ferme sortir de terre, la vie s’y déployer sur un siècle.
Au départ, en 1910, il y a eu les Marsand, trois générations de fermiers. Puis l’homme qui s’est installé quand la lignée des paysans s’est éteinte. Enfin elle, l’échouée, venue ici trouver refuge il y a quelques années.
Louise Pommeret donne la parole au hêtre, à la chouette, à la ronce, aux témoins des temps révolus, toutes ces présences muettes et fragiles qui, par la magie de l’écriture, deviennent les véritables témoins des fugaces existences humaines, faites de guerre, de travail, d’amour ou de jalousie. Ensemble ces voix forment une assemblée, un peuple, une communauté sensible. Elles sont les vies fragiles, émouvantes et poignantes car jamais entendues.
La vie fragile est un roman subtilement engagé, à la fois lutte écologique et écobiographie, un roman qui veut explorer les liens qui nous rattachent au monde et raconter les lieux, les êtres, en qui nous déposons nos affects terrestres.
Virginie Billaudeau a choisi d’aller promener son regard sensible sur les lieux de l’écriture du texte. Les paysages, la flore de Haute-Loire animent le livre de leur présence tour à tour délicate et puissante.

MON AVIS : J'adore cette maison d'édition et il s'agit du dernier coup de cœur de ma libraire adorée. Les livres de cette maison d'édition sont tous illustrés. C'est la rencontre d'un auteur avec un illustrateur. Dès les premiers mots, on est embarqué. Chaque chapitre est écrit du point de vue des témoins de l'histoire d'une maison qu'ils soient végétaux ou animaliers. Ils s'adressent tous à la dernière habitante d'une maison. On découvre que cette maison et tout ce qui l'entoure vont être détruit le lendemain.

La plume de l'autrice est sublime. Elle est directe mais aussi poétique. On découvre les différents habitants de cette maison mais aussi la grande histoire et son influence. Cela permet d'aborder d'autres thèmes en plus de l'écologie. Au fil des pages, par le regard de végétaux ou d'animaux, on découvre une critique de la société des plus justes. J'ai apprécié que ce ne soit pas moralisateur. Ça n'empêche qu'on passe par toutes les émotions.
 
Les illustrations sont sublimes en noir et blancs essentiellement. Elles s'accordent parfaitement avec le texte aussi bien dans son contenu que dans son émotion. Le fait que ce soit épuré permet de lier les chapitres en plus du texte, comme pour prendre le temps de tourner le visage vers le prochain témoin.

En bref, ce texte m'a bouleversé. L'autrice a réussi à mettre au centre de l'histoire l'importance de ce qui nous entoure. Elle nous rappelle que l'humain n'est pas éternel et que sans la nature, nous ne serions rien.

 

mercredi 21 mai 2025

Le chant des pentes de Simon Parcot

Le chant des pentes de Simon Parcot
Auteur : Simon Parcot
Maison d'édition : Le mot et le reste
Date de sortie : 30 Août 2024
ISBN : 9782384314348
Pages : 176
Prix : 18

Résumé : Dans un paisible village montagnard, la jeune Gayané souffre de mutisme comme la plupart des enfants. À la suite d’un rêve, elle décide de prendre la route en direction de l’Alpage du Grand Lac que les villageois croient hanté par les siffleurs, êtres mi-humains mi-vautours. Guidée par Maniolos, le doyen des bergers, aidée par Hélias, son ami interprète, et la Mule, contrebandière, elle entreprend une ascension initiatique à travers la Forêt et l’Alpage vers la Montagne Lumineuse. C’est au milieu de ruines alors que « la nuit est désormais vide de lune » que Maniolos va lui révéler un secret. Seule dans la montagne, Gayané va alors devoir faire face à son histoire. À la manière des grands conteurs, Simon Parcot transporte le lecteur dans un univers de mythes et de chants où le silence d’une enfant cache l’innommable

MON AVIS : J'avais adoré le précédent roman de l'auteur "Le bord du monde est verticale". Je n'ai donc pas hésité une seconde à acheter celui-ci. On reste dans la montagne sans une seule trace de nouvelles technologies. Ça fait un bien fou. On rencontre quatre personnages. On pourrait dire même cinq mais je ne m'attarderai pas sur ce dernier. Gayané est le cœur de cette histoire. Elle souffre de mutisme comme tous les enfants de son village. On sent une femme de caractère. Avec elle, vous découvrirez Hélias "au cœur bien trop haut pour ce village" (j'adore cette phrase), son meilleur ami interprète. Suite à un rêve de Gayané, ils décident de partir en direction de l'Alpage du Grand Lac.
 
Lorsqu'ils expliquent leur quête, les villageois leur déconseillent de partir leur parlant d'une malédiction. Personne n'est revenu de là-bas. Deux habitants du village vont les accompagner : Maniolos, doyen des bergers et surtout conteur joyeux, et la Mule, contrebandière très observatrice, avec son âne. C'est au cours de ce périple que Maniolos va leur apprendre ce qui se cache derrière cette malédiction. 

La plume de l'auteur est toujours aussi belle. Il nous conte cette histoire avec simplicité tout en nous apprenant des choses. Ici, il met en avant les siffleurs, ces personnes qui communiquaient en montagne juste en sifflant. J'ai trouvé l'idée d'illustrer les sifflements géniale. Ça donne une autre dimension au roman et nous permet de mieux imaginer les choses et surtout nous amène et à ralentir. On est aussi dans du réalisme magique mais je n'en parlerai pas volontairement. C'est hyper bien fait. Tout nous paraît réel.

L'auteur aborde, comme dans son précédent roman, la nature et la vie dans les villages montagnards. Ici, il s'intéresse au traumatisme transgénérationel mais aussi à l'impact que des préjugés peuvent avoir. Malgré les choses difficiles écrites, l'auteur arrive à garder ce calme dans l'écriture. On a vraiment le sentiment d'être assis au coin du feu comme dans une partie de son roman. Il aborde aussi d'autres sujets comme le harcèlement et la différence de génération.

En bref, je pourrai vous parler en long, en large et en travers. Il est fascinant et fait du bien. L'auteur y dénonce certaines choses en utilisant avec justesse le réalisme magique et des mythes. Si vous avez l'occasion de l'écouter que ce soit en lecture à voix haute ou en table ronde, foncez. J'ai appris pas mal de choses.