vendredi 23 mai 2025

La vie fragile de Louise Pommeret

La vie fragile de Louise Pommeret
Autrice : Louise Pommeret
Illustratrice : Virginie Billaudeau
Maison d'édition : Chemin de fer
Date de sortie : Mars 2025
ISBN : 978-2-490356-52-2
Pages : 136
Prix : 16

Résumé : "J’ai poussé près de la maison, trop près peut-être ; était-ce par instinct de survie, mais mes branches du côté de l’habitation se sont moins déployées que les autres. Je ne voulais pas leur rappeler que j’étais près, trop près. Nous avons vécu à bonne distance, ainsi nous nous sommes épargnés. Comment ont-ils construit la maison, dis-tu ? Mais comme toutes les maisons. Il y a eu des hommes, des hommes avec des pierres pour élever des murs."

La vie fragile c’est l’histoire d’une maison à la veille de sa destruction racontée par les êtres qui la peuplent depuis l’origine, animaux, végétaux et minéraux. Eux seuls connaissent les rires et les peines de ceux qui ont construit, qui ont vécu dans ce lieu aujourd’hui condamné.
Une femme passe une dernière nuit dans cette maison qui sera rasée le lendemain par un chantier autoroutier.
Les voix humaines se sont tues depuis longtemps. L’heure est venue d’en entendre d’autres. Celles qui ont fait le lieu, qui ont vu la ferme sortir de terre, la vie s’y déployer sur un siècle.
Au départ, en 1910, il y a eu les Marsand, trois générations de fermiers. Puis l’homme qui s’est installé quand la lignée des paysans s’est éteinte. Enfin elle, l’échouée, venue ici trouver refuge il y a quelques années.
Louise Pommeret donne la parole au hêtre, à la chouette, à la ronce, aux témoins des temps révolus, toutes ces présences muettes et fragiles qui, par la magie de l’écriture, deviennent les véritables témoins des fugaces existences humaines, faites de guerre, de travail, d’amour ou de jalousie. Ensemble ces voix forment une assemblée, un peuple, une communauté sensible. Elles sont les vies fragiles, émouvantes et poignantes car jamais entendues.
La vie fragile est un roman subtilement engagé, à la fois lutte écologique et écobiographie, un roman qui veut explorer les liens qui nous rattachent au monde et raconter les lieux, les êtres, en qui nous déposons nos affects terrestres.
Virginie Billaudeau a choisi d’aller promener son regard sensible sur les lieux de l’écriture du texte. Les paysages, la flore de Haute-Loire animent le livre de leur présence tour à tour délicate et puissante.

MON AVIS : J'adore cette maison d'édition et il s'agit du dernier coup de cœur de ma libraire adorée. Les livres de cette maison d'édition sont tous illustrés. C'est la rencontre d'un auteur avec un illustrateur. Dès les premiers mots, on est embarqué. Chaque chapitre est écrit du point de vue des témoins de l'histoire d'une maison qu'ils soient végétaux ou animaliers. Ils s'adressent tous à la dernière habitante d'une maison. On découvre que cette maison et tout ce qui l'entoure vont être détruit le lendemain.

La plume de l'autrice est sublime. Elle est directe mais aussi poétique. On découvre les différents habitants de cette maison mais aussi la grande histoire et son influence. Cela permet d'aborder d'autres thèmes en plus de l'écologie. Au fil des pages, par le regard de végétaux ou d'animaux, on découvre une critique de la société des plus justes. J'ai apprécié que ce ne soit pas moralisateur. Ça n'empêche qu'on passe par toutes les émotions.
 
Les illustrations sont sublimes en noir et blancs essentiellement. Elles s'accordent parfaitement avec le texte aussi bien dans son contenu que dans son émotion. Le fait que ce soit épuré permet de lier les chapitres en plus du texte, comme pour prendre le temps de tourner le visage vers le prochain témoin.

En bref, ce texte m'a bouleversé. L'autrice a réussi à mettre au centre de l'histoire l'importance de ce qui nous entoure. Elle nous rappelle que l'humain n'est pas éternel et que sans la nature, nous ne serions rien.

 

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