mardi 30 mai 2023

L'atelier des cahiers

Bonjour,

Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait d'interview d'éditeurs. Aujourd'hui, je vais vous présenter l'Atelier des cahiers que vous voyez régulièrement passer sur le blog. Je les ai découvert grâce à la masse critique babelio. J'ai eu la chance d'en recevoir plusieurs par ce biais. Par la suite, ils ont eu la gentillesse de m'accorder leur confiance en me proposant des services presse de temps à autres. Ils sont d'ailleurs un peu à l'origine de l'interview. Je les en remercie tant j'avais oublié le plaisir d'en apprendre plus sur un éditeur.

1)Bonjour, Je tiens à vous remercier pour votre confiance et d'avoir accepté cette interview. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre maison d'édition? Comment avez-vous choisi son nom?
L’Atelier des Cahiers est officiellement né en tant que maison d’édition en 2006. Au préalable, il existait une revue : Les Cahiers de Corée, née en 1998 au sein de l’université Hanguk des études étrangères à Séoul. Cette revue annuelle a été créé dans le but de mieux faire connaitre la Corée à un public francophone. L’initiative, codirigée par Frédéric Boulesteix et Yves Millet, d’abord confidentielle, a progressivement trouvé sa place ; elle a compté sous sa forme originale huit numéros successifs. Au décès de Frédéric Boulesteix, la question s’est posée de savoir si nous devions poursuivre ou non l’aventure. C’est alors que Benjamin Joinau, qui collaborait déjà depuis plusieurs numéros, a repris la main avec Yves. Nous avons alors décidé de conserver l’esprit de départ, à savoir de favoriser des regards croisés entre les Coréens et les Francophones, mais en favorisant l’espace du livre plutôt que celui d’une revue. Aujourd’hui, nous sommes heureux de présenter un catalogue qui contient aussi bien des ouvrages littéraires, des essais, des guides ou des manuels, etc.

2) En quoi est-elle différente des autres ?
L’Atelier des Cahiers est une micro-structure. Nous sommes peu à y travailler. Si aujourd’hui nous pouvons dire que notre maison d’édition a trouvé sa place dans le milieu de l’édition, son développement a été progressif. Ce dernier s’est toujours fait à l’occasion de rencontres sur des projets précis et originaux, déterminés par une passion commune plus que par des objectifs commerciaux. D’ailleurs nous sommes une association à but non lucratif. Notre intention n’a jamais été de se consacrer uniquement à la traduction et diffusion d’auteur(e)s coréens, par exemple, mais de trouver des points de vue qui donnent à connaître des aspects plus ou moins connus de la péninsule coréenne.


3) Comment est venue votre passion pour la Corée?
Pour l’essentiel, cet intérêt est né de l’expérience. C’est parce que nous y avons vécu de nombreuses années ou y continuons de vivre et d’y travailler, que le pari éditorial de l’Atelier des Cahiers est apparu comme une évidence. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, c’est-à-dire autour du tournant des années 2000, la Corée ne faisait pas l’objet de curiosité comme c’est le cas aujourd’hui. Nous connaissions alors les prémices de la fameuse Vague coréenne (hallyu) et soit la Corée était caricaturée soit elle n’était regardée que sous angle des tensions géopolitiques entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Alors que ce pays, d’une grande vitalité, avait beaucoup à partager.


4) Quelles sont les valeurs que vous souhaitez défendre ?

En premier lieu peut-être la défense de ce que le poète Victor Segalen appelait « le Divers ». L’idée que la diversité est le meilleur antidote aux simplifications trop souvent rencontrées. Ajouter de la nuance et de la complexité favorise le vivant. En second lieu, c’est la créativité.



5) Combien de livres publiez-vous par an ? Aimeriez-vous en publier plus sur le long terme ?


En moyenne nous publions 5 à 6 titres par an. C’est variable. Tout dépend de la nature des projets. Certains titres demandent plus de temps à élaborer. Il nous arrive souvent d’accompagner l’auteur ou l’autrice afin de donner au manuscrit de départ sa pleine dimension. C’est un travail d’éditeur.
C’est la raison pour laquelle il nous semble difficile d’envisager en publier davantage.

6) La maison d'édition est consacrée à la Corée, je dirai même "les Corées" comme vous le précisez sur le site. Comment sélectionnez-vous les manuscrits ?
Oui, il est important d’apporter d’autres regards sur la Corée du Nord afin, toujours dans la même logique, de nuancer les a priori. Sur de nombreux aspects, historiques, culturels, il est ridicule de ne réduire la réalité coréenne qu’à la Corée du Sud. De même, nous ne nous refusons pas, à l’occasion, d’accepter des manuscrits qui proposent un regard encore plus large, à savoir sur l’Asie de l’Est dans son ensemble, Chine ou Japon.
Les manuscrits sont d’abord sélectionnés en fonction des différentes collections que nous avons ouvertes. Ensuite, nous sommes attentifs au regard porté sur la Corée. A de nombreuses reprises, nous avons reçu des textes issus d’un court séjour et qui, par conséquent, présentent des remarques à nos yeux trop superficielles, voire erronées. S’il s’agit de traductions, bien évidemment celle-ci est scrupuleusement vérifiée en plus du fait qu’elle doit être intelligible pour un lecteur francophone.    


7) En quatrième de couverture, le prix est indiqué en euro et en won. Il est également indiqué en dessous "Paris-Séoul". J'ai également constaté sur le site que la maison d'édition française possède également une adresse à Séoul. Est-ce que vous travaillez à cheval entre la France et la Corée ? Si oui, comment cela se traduit-il ?
Effectivement, nous nous partageons entre la France et la Corée. Nous sommes principalement distribués en France par l’intermédiaire de la société Pollen mais également à Séoul, à la librairie du Kyobo ou bien, par exemple, dans les événements de la communauté francophone, ce qui est possible parce que nous avons aussi ouvert une structure en Corée du Sud. Le plus important est de conserver un pied dans chaque pays afin de coller aux réalités culturelles et économiques de chacun d’eux, et ce toujours dans le but de pouvoir donner naissance à des projets qui ne verraient pas forcément le jour ailleurs.


8) Comment voyez-vous l'avenir de votre maison d’édition ?
Etant donné l’intérêt actuel pour la Corée, nous nous disons que ce qui n’était qu’un pari à l’époque, à savoir consacrer une maison d’édition à un seul pays, est aujourd’hui en bonne voie de réussir. Nous recevons régulièrement des propositions de publications auxquelles nous portons beaucoup d’attention sans pouvoir toutes les satisfaire.


9) Pour un lecteur n'ayant jamais lu de littérature coréenne, quel livre lui conseillez-vous en premier ?
Commencer par une anthologie, comme ce que nous faisons avec la collection thématique « La Corée cent façons », où on lira des nouvelles, des poésies, des essais traduits sur mille ans d’histoire littéraire est une excellente idée. Ensuite en fonction des goûts on peut s’orienter vers la littérature ancienne où on trouvera des perles comme notre anthologie de contes grivois (« La Porte des secrets »), la littérature classique contemporaine (un de nos best-sellers étant « Hors les murs » de Park Wan-seo) ou des romans plus récents, tels ceux de Jeon Gyeong-nin, Eun Hee-kyung, etc., qui traitent des questions sociétales contemporaines.

10) Quel est votre livre coréen préféré ?
Personnellement, nous avons beaucoup de goût pour les auteurs du XXe siècle, les classiques contemporains que sont Park Tae-won, Hwang Sun-won, Park Wan-seo, etc.

11) Quelle question auriez-vous aimé que je vous pose ?
Nos projets à venir ! Nous en avons plein, du roman fantasy historique à l’essai de sociologie !

12) Quelque chose à ajouter ?
Lisez, lisez, lisez ! Le livre ne peut survivre que grâce à ses lecteurs ! Suivez-nous sur nos réseaux sociaux (Insta, Twitter, Facebook, YouTube) : il y aura toujours un livre chez nous pour vous plaire !






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