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vendredi 22 mars 2024

Tenir sa langue de Polina Panassenko

Tenir sa langue de Polina Panassenko
Autrice : Polina Panassenko
Maison d'édition : Édition de l'olivier
Date de sortie : 19 Août 2022
ISBN : 9782823619591
Pages : 192
Prix : 18

Résumé :

« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »

Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.

À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.

Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.

Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.


MON AVIS : J'ai lu ce livre dans le cadre du prix fémina des lycéens avant de rencontrer l'autrice. J'ai un souvenir particulier de ce livre. Je ne sais pas trop ce que j'attendais de cette lecture. Ce livre commence avec une audience au tribunal de Bobigny. Pauline souhaite récupérer son prénom de naissance, Polina. Je tiens à préciser que ce livre n'est pas une autobiographie contrairement à ce qui a été dit ou ce que l'on pourrait penser.

Certains pourraient penser que c'est exagéré mais pas du tout. En lisant ce livre, on ne peut qu'être choqué par la réponse de la procureure lors de cette audience. Elle ne prend absolument pas en compte les sentiments et l'histoire de Polina. C'est à partir de ce rejet que le personnage principal va se souvenir de sa vie en Russie jusqu'à aujourd'hui en passant par son arrivée en France.

L'histoire de l'Urss devenu Russie est très présente. On découvre la vie à cette époque-là : l'importance de la vie de famille, d'être prudent et les changements de société. La grande histoire rencontre la petite. C'est d'ailleurs la raison du départ de Polina et sa famille pour la France. La petite fille qu'elle est doit s'adapter, apprendre une nouvelle langue et s'intégrer. C'est quelques années après que son prénom sera francisé.

L'autrice a fait preuve d'intelligence. Outre le fait qu'elle nous explique parfaitement pourquoi le personnage principal veut récupérer son prénom de naissance, elle joue avec le lecteur. En effet, par le regard de l'enfant, elle fait des jeux de mots que le lecteur ne comprend pas forcément pour montrer l'incompréhension d'une enfant qui ne parle pas la langue de son pays d'accueil. On se retrouve donc dans la même situation. Je vous rassure. Il n'y en a que deux ou trois. Elle fait aussi référence à la télé. J'ai souris tant la référence est connu. 

Pour être tout à fait honnête, lors de ma lecture au début, j'ai ressenti tellement de colère dans le texte que j'ai failli l'arrêter mais j'ai continué ma lecture et j'ai bien fait. J'avais conscience aussi qu'à ce moment-là, j'étais dans un état d'esprit qui ne m'aidait pas forcément. Heureusement que ce n'est que le début. Par la suite, on a la nostalgie d'une époque et surtout le point de vue d'une petite fille qui a eu tant de mal à s'adapter à son nouveau pays.

En bref, ce livre est une belle leçon très bien écrit. L'autrice arrive à pousser le lecteur à se mettre dans la peau de Polina et à comprendre son combat tout à fait juste. La question qu'elle pose est aussi importante : qu'est-ce qui permet à une personne de s'intégrer? Le titre est d'autant plus bien choisi.

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