Comme vous le savez, ces six derniers mois, je recevais 1 roman par mois de la maison d'édition Les Moutons Électriques dans le cadre d'un abonnement. Je l'ai reconduit pour les six prochains mois. Appréciant la plupart de leur roman, j'ai eu envie d'en savoir plus sur eux. Je vous partage donc l'interview que je leur ai proposé. Je les remercie beaucoup d'avoir accepté d'y répondre.
1) Qu'est-ce qui vous a donné envie de créer cette maison
d'édition?
Je pense pouvoir répondre à la place d'André-François Ruaud sans
me tromper : les Moutons électriques est née d'une passion
(partagée avec ses actionnaires fondateurs) pour les littératures
de l'imaginaire, ainsi qu'une volonté de proposer quelque chose de
neuf aux lecteurs : des essais ludiques sur la culture populaire,
qu'ils soient plus classiques (les Miroirs, essais universitaires,
mais avec un ton décontracté et de l'humour), ou plus
expérimentaux (la Bibliothèque rouge, où l'on démontre que James
Bond a vraiment vécu, que Hercule Poirot a rencontré Sherlock
Holmes, etc.)
2) En quoi est-elle différente des autres maisons d'édition?
D'abord pour sa spécialisation sur les essais précédemment cités.
Ensuite, en ce qui concerne les fictions, une volonté de publier
d'abord des créations francophones, mais aussi de belles plumes.
Nous sommes très exigeant sur le style, n'hésitons pas à faire
retravailler nos auteurs quand le besoin s'en fait sentir, et cela
nous permet de publier quelques livres sublimes : le plus connu
est sans doute Jean-Philippe Jaworski et son "Gagner la Guerre",
où le langage se fait aussi poétique qu'il peut être canaille et
vulgaire. Mais nous publions des livres d'autres auteurs dont
l'écriture est magique : Stefan Platteau, Nathalie Dau, Dominique
Douay, Christine Luce, Brice Tarvel... et tout le reste de notre
catalogue.
Autre différence de taille : le look de nos livres. Déjà, le
format est original, cet aspect de rectangle un peu large, et ses
grandes marges centrales... Mais surtout les couvertures : pour
cela on remercie notre graphiste, Melchior Ascaride, ainsi que son
prédécesseur, Sébastien Hayez. Je ne pense pas que l'on puisse
confondre les livres des Moutons électriques avec des ouvrages
d'autres éditeurs.
L'idée était de donner un aspect un peu plus british, différent en
tout cas des couvertures classiques de fantasy très figuratives.
Avec Melchior, on tente de nouvelles expériences : des livres dont
la couverture évoque plus qu'elle ne montre, et clairement
l'artiste nous gâte.
3) Quelles sont les valeurs que vous souhaiteriez défendre?
Nous aimons dire que pour nous, « populaire » rime avec « qualité
», tout comme « livre » rime avec « exigence esthétique ».
4) Combien de livres publiez-vous par an? Aimeriez-vous en publier
plus sur le long terme?
Plus d'une vingtaine. Pour le moment, nous ne comptons pas grossir
ce chiffre.
5)Comment voyez-vous l'avenir de votre maison d'édition?
D'un oeil optimiste. Bien sûr, les temps sont durs, l'heure est
sombre, et la fin du monde guette. Mais je pense que les Moutons
électriques ont réussi à imposer auprès du lectorat une certaine
réputation de qualité littéraire, et d'honnêteté dans nos
pratiques commerciales. Même si le marché est en crise, nous
continuons à publier et à vendre des auteurs de talent et des
livres que nous aimons (et qu'en tant que lecteur, nous adorerions
trouver en librairie). Les Moutons électriques est peut-être
parfois un peu secoué par les eaux d'un marché du livre fatigué,
mais c'est un bateau qui s'obstine à ne pas chavirer.
6) Vous avez créé le collectif des Indés de l'imaginaire avec
ActuSF et Mnémos. Quel est votre objectif?
Les Indés reposent sur un ensemble de valeurs communes : une
passion pour les littératures de l'imaginaire et ce qu'elles
procurent à son public. Le collectif a un objectif très simple, et
très réussi : tripler nos forces, que ce soit bien sûr en
librairie, à l'aide d'opés (la rentrée de la fantasy, le mois
Lovecratf, les pépites, etc.) et avec notre chargé de relations
libraires, en réseaux sociaux, et évidemment en salon avec la
possibilité de prendre de plus grands stands en mutualisant nos
moyens.
En outre, comme tous les aventures, on n'est jamais mieux
qu'accompagné. Les discussions des Indés sont en général
fructueuses.
7) En France, les littératures de l'imaginaire sont mal perçues.
Comment convaincre le public qu'elles ont de l'avenir et qu'elles
sont de qualité?
En publiant de bons romans. Le reste suivra : déjà avec l'invasion
de la culture comics et manga, l'imaginaire est partout. Seuls
quelques vieillards fermés d'esprits pensent encore que la
littérature de l'imaginaire est une sous-littérature. Il suffit de
lire 1984 pour se rendre compte que la littérature de l'imaginaire
est visionnaire au vu de l'actualité.
J'espère que cette interview vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et surtout à me dire si vous en avez lu.